dimanche 9 octobre 2011

Une tripartite à réinventer

Les patrons algériens son terribles. Pendant des années, ils sont partis siéger dans des tripartites dont ils n'attendaient pourtant rien d'autre en dehors du rôle pour lequel elles ont été instituées : entériner des décisions politiques de façon à faire croire qu'elles sont l'émanation d'un dialogue social.

Très pratique, cette façon de concevoir la concertation socioéconomique : on décide, puis on «négocie». Socioéconomique. Si la deuxième partie de ce mot composé fait souvent de la figuration, c'est qu'elle a toujours préfiguré le rôle des patrons précisément dans ces rendez-vous qui, décidément, n'épatent pas grand monde.

Et pour cause, ceux qu'ils sont censés tenir en haleine dorment déjà sur leurs deux oreilles, bien avant la tenue et le terme des travaux puisqu'ils savent déjà tout ce qui va en sortir.

Et pas en le devinant ! Pendant longtemps, ils ont accepté d'aller à des «dialogues» où il n'est jamais question de développement, jamais question d'économie, jamais question d'entreprise, jamais de productivité : des paramètres dont l'omniprésence aurait pourtant dû être naturelle à chaque fois qu'il est question de «salaires».

On aurait pu simplifier les choses en constatant par exemple qu'on ne saurait, tout aussi «naturellement», s'encombrer du souci de productivité quand on n'a pas la réputation d'être préoccupé par la… production.

On fera alors semblant de parler des salaires, puisque de toute façon, il ne s'agit que de relever le SNMG, chose faite, ce qui ne gâte rien, à un tout autre niveau de responsabilité… politique.

Et pourquoi le patronat aurait alors le souci de représentation et de représentativité… syndicale de ceux qui viennent parler au nom du monde du travail comme le fait aujourd'hui M. Hamiani qui dit maintenant «oui aux syndicats autonomes» tout en appréhendant «la surenchère trotskyste»?

On peut bien évidemment comprendre le souci du patron des patrons s'il ne s'agissait que de «surenchère trotskyste» ou de la résurgence de la «lutte des classes» pour rester dans ses propres termes. Le problème est que M. Hamiani va jusqu'à… l'essentiel, puisqu'il évoque, non sans pertinence, la «crédibilité» et la «responsabilité des organisations syndicales éligibles à la table de la concertation.

On peut aussi avoir le réflexe de lui rappeler que la représentativité et la crédibilité ne sont pas seulement discutables chez un partenaire sur trois et que c'est toute la philosophie des tripartites qui est à revoir, dans sa conception comme dans sa finalité.

Sinon il n'aurait pas été question de pertinence ou non de la participation du patronat au dernier rendez-vous dans le genre. Un dernier rendez-vous qui, ce qui ne gâte toujours rien, n'a servi qu'à… porter le SNMG à 18 000 dinars. Même si cette fois il y a eu un semblant de suspense où même la «surenchérie trotskyste» a fait illusion. En dehors des syndicats autonomes, tout de même.

Slimane Laouari

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