dimanche 9 octobre 2011

Les formules par lesquelles les transporteurs se nomment

Les fourgons de transport publics foisonnent en Kabylie. Ils sont d’une utilité incontestable tant ils assurent et desservent des circuits qui permettent aux citoyens d’être à l’heure et à l’aise dans leurs différents déplacements. Il est important que nos chauffeurs ajoutent un peu plus de sérénité dans leur conduite, pour que tout le monde arrive à bon port et en toute sécurité. Cela dit, nous noterons que presque tous les propriétaires ont nommé leurs véhicules de noms ou de formules entières, assez agréables à lire, en plus de leurs lieux de destination.

Ainsi, on pourra lire, à tout hasard, des : Affug (l’envol) ; Hop ! yughal-ed (hop ! il revient) ; Ardju-yi (attends-moi) ; Aqli-yi-n (j’arrive) ; yuppi ; Qim din (reste là) ; ddut-yidi (voyagez avec moi), sber a d-ughalegh (patientes, j’arrive !) etc. Toutes ces belles fantaisies, sous forme de caprices, agrémentent sans aucun doute le paysage roulant, tant elles occupent les passagers en attente, des attentes, certes parfois longues, mais que les commentaires plaisants et divertissants soulagent.

Que de fois n’avons-nous pas entendu des voyageurs préférer l’un ou l’autre des transporteurs pour leur voyage. Ils demandent après eux directement en les identifiant par la formule que l’un ou l’autre des chauffeurs s’est octroyé. D’un premier regard, on remarquera que la langue utilisée est cool. Elle ne s’embarrasse point des formes rigides et pointues, ou même de la norme.

C’est d’ailleurs le cas, mais différents, des poètes qui, eux, vont jusqu’à transgresser les règles et imposer leurs styles en règles. C’est dire que la langue est le produit de ceux qui la parlent, qui la vivent et qui la façonnent sans hésitation aucune. Nous n’avons pas l’intention de faire, ici en cette chronique, dans un traité de linguistique, mais force est de retenir que les formules les plus anodines, les plus innocentes sont souvent, et justement, retenues comme productions de la vie culturelle.

Nous rapportons ici seulement une constatation, une observation qui peut enclencher une sérieuse réflexion et une analyse sur le sujet. On a bien vu des pièces de théâtre s’inspirer des formules de nos transporteurs pour les arrangements d’usage. De toute évidence, la culture ne se fait pas dans les temples académiques entourés de remparts. Auquel cas, l’étouffement est alors garanti. Roulez doucement, prenez soins de vos voyageurs et continuez à nous surprendre par vos formulations.

Abdennour Abdesselam

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