jeudi 5 novembre 2009

Mauvais accords et fausses notes

Après des semaines à faire plier l'Europe, le président tchèque, Vaclav Klaus, a daigné enfin ratifier le traité de Lisbonne. Il faut dire qu'il a obtenu ce qu'il voulait, une dérogation liée à la charte des droits fondamentaux. 

On imagine l'immense soulagement qui a suivi chez les Vingt-sept, le projet de texte de la Constitution traîne sur les bureaux depuis une bonne dizaine d'années.

L'odyssée bruxelloise est-elle vraiment finie telle perçue par l'actuelle présidence suédoise de l'UE ? Si tout va bien, le traité devra entrer en vigueur le 1er décembre.

Reste, bien sûr, à trouver les deux oiseaux rares qui devront s'installer aux postes de premier président stable de l'union et de chef de la diplomatie. Si rien n'a filtré sur le maintien ou non de Javier Solana à la tête du second, les consultations vont bon train en ce qui concerne le premier.

D'autant que la candidature est plus ouverte depuis que l'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, a dû mettre fin à ses rêves à vendre l'image de l'Europe dans le monde.

Tout a joué en sa défaveur. En plus du fait que le Royaume-Uni n'est ni dans la zone euro et de l'espace Schengen, le passé sale» de va-t-en-guerre de «Tony» a fini par le rattraper. Une fois les deux hauts représentants aux commandes, l'Europe des Vingt-sept cessera-t-elle une fois pour toutes de souffrir de maux et de pannes sèches qui ont fait qu'elle accuse tant de retard ?

Pour bon nombre de fins analystes des questions européennes, l'UE n'est pas suffisamment fédéralisée dans les domaines de la diplomatie et de la sécurité.

Ses membres auraient beau corriger leurs lacunes, il restera toujours quelque chose à faire. La faute reviendrait à une poignée de souverainistes qui sonnent la charge à chaque fois que l'Europe reprend un épais dossier international à la première page.

Avant qu'il ne se remette à souffler fort sur Copenhague, les Vingt-sept testeront-ils leurs capacités d'union diplomatique ? L'appel de l'Amérique qui vient de retentir sur le vieux continent est une bonne occasion pour qu'ils accordent leurs violons.

Refusant toute renégociation de l'accord de l'AIEA sur le nucléaire iranien, Barack Obama, nouvellement surnommé le stratège à temps partiel, a invité l'Union européenne à travailler en étroite collaboration avec les Etats-Unis afin de s'assurer que les mollahs respectent les règles de jeu.

Aurait-il été préférable à ses yeux que le discours d'Angela Merkel sur l'Holocauste devant le Congrès US (réponse au négationnisme du président Ahmadinejad ?) et le voyage en Russie du chef de la diplomatie britannique aient été mieux coordonnés pour exhiber devant la République islamique la solidité du bloc USA-UE ?

Il faut à tout prix éviter les mauvais accords qui produisent nécessairement des mauvaises notes. Bien que cela puisse paraître anodin - la légitimité est à recueillir parmi son peuple -, les nombreuses félicitations adressées en même temps au président Hamid Karzaï ont été les bienvenues.

Certes, Washington aurait préféré que les Européens se décident à envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan au lieu de mettre Obama dans l'embarras mais mieux vaut de tels gestes qui réfléchissent une certaine union que le néant.

C'est dire que l'Europe doit à présent carburer à plein régime si elle ne veut pas voir son allié américain passer des alliances avec la Chine ou autres puissances émergentes.

Par Anis Djaad

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