jeudi 5 novembre 2009

Deux Ammar, un seul est...

Ce n’est qu’à l’audience que Ammar Ahmed, un sportif, avait un homonyme qui a fait des siennes, et s’est volatilisé...Et avoir un homonyme n’est pas toujours "délivrant".

Ammar Ahmed est dans de beaux draps. Il est poursuivi par - c’est curieux - le club de foot pour vol de...chèques. Or, il y a eu deux Ammar Ahmed qui ont dû être confondus. Et c’est le non-voleur qui est poursuivi.Des chèques du club de foot, qui errent sur le terrain. Envahis-sement de... Et c’est celui des ennuis.

«Le 16 mai 2004, j’étais à Istanbul, donc je ne pouvais pas être dans les environs de la daïra de Bir Mourad Raïs et je n’ai aucune relation avec les fameux quatre chèques égarés par le club», dit, le visage rouge, le prévenu qui a fait un voyage à travers la Turquie, la Tunisie, la Syrie. «Comment pouvez-vous vous rappeler ou vous étiez le 16 mai 2004, alors que nous sommes en janvier 2009?», demanda, curieuse et sereine, la présidente de la section correctionnelle du tribunal. Le prévenu prend à témoin le passeport et la PAF.

Cela n’empêchera pas évidemment le vif procureur de requérir un an de prison ferme.
L’avocat du prévenu va devoir expliquer au tribunal que si le secrétaire général du club a égaré des chèques enfermés dans un coffre-fort, ce n’est pas la faute de Ammar qui se trouvait en Turquie en qualité de travailleur. «Il y a eu un malentendu entre les deux Ahmed», qui n’ont ni la même physionomie, ni la même morphologie; on a utilisé la carte nationale d’identité d’un client qui doit bénéficier du doute.

Maître Benouadah Lamouri aura tout tenté pour expliquer ce que son client n’était pas arrivé à faire, à savoir qu’au moment où la juge demandait à Amar Ahmed le pourquoi de la réponse négative des services de la PAF qui n’avaient pas dans leurs archives de 2004, quelqu’un qui répond aux coordonnées de Amar Ahmed lequel aurait quitté le pays via l’aéroport Houari-Boumediene de Dar El Beïda, en mai 2007, l’avocat s’en est tout simplement remis aux mille réponses du prévenu qui n’a eu de cesse de répéter que les pages de son passeport contenaient les sorties sur la Turquie puis la Tunisie, ensuite la Syrie et encore la Turquie (Antalyia).

«Vous avez le pouvoir discrétionnaire d’aller aux recherches des fichiers», a proposé Maître Lamouri. Comme à son habitude, la juge dévisageait le prévenu, lequel malgré son sang-froid, laissait échapper des couleurs d’un SOS compréhensible. Sur ce blond de prévenu elle avait requis douze longs mois de prison.

Maître Lamouri s’était aussi aventuré sur le terrain du doute, car il avait saisi au bon moment, qu’il était impossible de livrer une guerre à la PAF pour une histoire de vol de chèques du club victime dont la responsabilité n’était pas aussi éloignée car, on n’a pas idée à laisser traîner des papiers de valeur «errer sur le terrain à envahissement», un bureau ouvert et peut-être même un coffre-fort ouvert aux quatre vents.

Avant que le juge ne prononce la relaxe au bénéfice du doute, Amar, lui, était sur une marge en espérant surtout revenir gagner une chaouar-ma à Istanbul où il vit et bosse, et il a assuré la présidente de prendre le premier vol dès cette semaine et tenter d’oublier les affres de la détention préventive, une détention abusive, hâtive, catastrophique, n’était la clairvoyance de la magistrate et surtout l’acharnement de l’avocat qui avait bien présenté les choses, s’arrêtant au bon moment sinon, le club de foot victime aurait été poursuivi pour «mauvaise gestion» Ah! non, l’article 424 du Code pénal n’existe plus, seuls les 350, 22 et 176 demeurent encore debout.

Abdellatif TOUALBIA

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