lundi 2 novembre 2009

L’indépendance de ne pas en parler !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

FLN : «Nous soutenons l’appel du Président à lutter contre la corruption et, à notre tour, nous allons mener une bataille sans merci contre ce fléau.» 

Lequel des 2 fléaux ?

Le 2 novembre, que retenir du 1er Novembre ? Un fait qui, à mes yeux, définit, à lui tout seul, l’indépendance confisquée. Les journalistes d’ Al Khabar ont reçu une visite plutôt inattendue ces derniers jours. Des citoyens se sont déplacés au siège de ce grand quotidien arabophone pour annoncer qu’au bout de moult démarches pour tenir le coup, au bout de mille et un sacrifices pour garder le cap, au bout de quantité de tentatives pour ne pas sombrer, au bout du désespoir, le leur et celui de leurs familles, ils se sont résolus à… vendre leurs reins pour survivre, pour se nourrir. Voilà ! Face à ça, je refuse d’entamer ne serait-ce qu’un soupçon de débat sur «qui dirigeait véritablement la base de l’Est ?», sur «la primauté de l’intérieur sur l’extérieur », sur «qui a vendu le commando Ali Lapointe ?», sur «était-il judicieux pour le FLN d’appeler à une grève générale en 1956 ?» sur «les purges dans les rangs messalistes et dans ceux du PC», sur «la véritable tête pensante de la Révolution» ou encore sur «comment écrire l’histoire, l’épopée de la guerre de Libération ?». Je refuse cela tout net pour des raisons… néphrétiques ! Pour une histoire de reins ! Le fait même que 55 ans après le déclenchement de la guerre de Libération il puisse y avoir des Algériennes et des Algériens réduits à vendre leurs organes pour que leurs enfants boivent un peu de lait m’interdit de prononcer, même du bout des lèvres, le mot «indépendance ». Chaque médaille décernée, chaque discours grandiloquent sur les batailles gagnées valeureusement, chaque diplôme frappé en son angle des couleurs nationales et du ruban de la République, chaque distinction doit être, à mes yeux, encoché, entaillé, balafré de et par ce fait indélébile, incensurable, impossible à cacher et sur lequel aucun décret officiel ne peut jeter de voile castrateur : en novembre 2009, des citoyens algériens vendent leurs reins pour ne pas mourir de faim. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

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