lundi 2 novembre 2009

Angolagate

Tous les hommes politiques le disent. Tous les gouvernements prétendent le souhaiter. Tous les régimes en font leur slogan: la lutte contre la corruption. Cette maladie infantile de toutes les dictatures, des systèmes à parti unique et même dans les démocraties où c’est en général l’argent qui est roi et qui défie toutes les velléités d’honnêteté. Il n’est pas rare que des scandales de détournements, de blanchiment d’argent, de marchés frauduleux, de fraudes fiscales éclatent ici et là, éclaboussant au passage des personnalités au-dessus de tout soupçon...jusque-là. Ces affaires n’éclatent pas au hasard et ne touchent pas tout le monde. Si, dans les pays du tiers-monde, ce sont en général des personnages de moindre importance qui sont cités, dans les pays développés par contre, ce sont des personnalités de premier plan qui doivent rendre compte à la justice.

La liste des scandales où des personnes clés ont été épargnées alors que d’autres ont été condamnées ou «démissionnées», est longue.

La plus célèbre de l’histoire contemporaine est celle de «Suez» liée à la corruption de ministres, de parlementaires et de journalistes par la société du Canal. Plus près de nous, c’est le président des Etats-Unis, Richard Nixon, qui est poussé à la démission par l’affaire du Watergate (qui n’est pas une affaire financière) ou celle de Bill Clinton réduit à faire des excuses publiques à son peuple dans l’affaire Monica Lewinski. L’affaire de l’Irangate, bien qu’inspirée par le sommet de l’Etat, ne touchera que quelques subalternes. Si toutes ces affaires ont provoqué quelques remous dans le monde politique, elles n’ont pas laissé des traces durables dans les esprits, celle qui agite actuellement le monde politique français risque de faire des vagues à cause des enjeux financiers induits et des fractures politiques qu’elle risque de produire au sein de la famille politique de la majorité parlementaire.

Cette affaire se distingue aussi bien par sa durée, puisque ses premières manifestations judiciaires remontent à 1990 et que sa conclusion n’est pas pour demain.

Elle se caractérise aussi par le nombre et la gamme des personnalités impliquées: préfet, ministre, fils de président de la République, conseiller de président, hommes d’affaires, romancier (eh oui, même un romancier à succès), avocat, secrétaire, diplomates. Il y a bien sûr surtout des citoyens français, mais à côté, on peut relever des personnes qui ont deux ou trois nationalités et l’une d’elles en dispose d’un peu plus au point qu’on ne retient que la dernière puisqu’elle s’est réfugiée en Israël pour échapper à toute extradition.

Les condamnations prononcées en première instance ont fait sortir certains protagonistes de leur retenue habituelle pour désigner du doigt le président de la République, les Premiers ministres de l’époque. Tout le monde s’interroge si la «Raison d’Etat» ou le «Secret-défense» liés aux affaires de haut vol où sont impliqués les premiers responsables, seront levés.

La perspective d’étalage du «linge sale» ou de la cuisine partisane met en relief les fissures qui sont apparues dans l’UMP au moment où une campagne électorale féroce allait opposer d’anciens gaullistes. On ne peut comprendre parfaitement tout ce remue-ménage si l’on oublie que l’actuel locataire de l’Elysée est l’ancien adversaire de Jacques Chirac qui est cité dans plusieurs affaires. La vengeance (politique) est un plat qui se mange froid, et quelquefois même congelé.

Selim M’SILI

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