lundi 2 novembre 2009

Dangereuse conjonction

Depuis l’apparition du premier cas de grippe porcine dans notre pays, en juin dernier, jamais l’Algérie n’a été aussi proche d’une épidémie comme cette fois-ci. Ce risque est accentué par une conjonction d’au moins trois facteurs tous favorables à une contamination rapide. Le premier facteur tient au climat. Les services de la météorologie annoncent un retour du mauvais temps à partir de cette après-midi et c’est dans ces conditions climatiques que le virus de la grippe A/H1N1 se développe rapidement. Le deuxième facteur est lié au départ, aujourd’hui, de la première vague des hadjis aux Lieux Saints.

On sait très bien que le risque de contamination par le virus de la grippe A est accentué en Arabie saoudite où des cas mortels ont été enregistrés. Enfin, le troisième facteur est dû au fait qu’aucun Algérien n’a été vacciné, du moins officiellement. En juillet dernier, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, avait annoncé que l’Algérie avait commandé 65 millions de doses de vaccin contre la grippe porcine.

A ce jour, on n’a rien vu de ce qui allait constituer, selon le ministre, le stock stratégique pour les deux prochaines années dans le cas où la pandémie perdurait. Maintenant que le risque est réel, maintenant que le virus de la grippe est dans les écoles, les ministères de la Santé et de l’Education nationale vont-ils continuer à travailler avec les mêmes méthodes adoptées jusque-là, avec les mêmes reflexes? Au moment de la rédaction de cet éditorial, le 3030, un numéro vert «mis en service» par le ministère de la Santé pour répondre aux préoccupations des citoyens, ne fonctionne pas.

Certes, l’Algérie est loin de la trêve pédagogique comme c’est le cas de l’Ukraine qui a procédé à la fermeture de toutes ses écoles en raison de la pandémie de grippe A (H1N1). On n’est pas dans le cas de la France qui est désormais passée au niveau 5 du plan national d’alerte ni dans celui de la Californie où son gouverneur a proclamé l’état d’urgence. L’Algérie est plutôt dans la logique de «cela n’arrive qu’aux autres». Alors qu’il est recommandé comme mesure préventive de se laver fréquemment les mains, l’eau manque dans certaines de nos écoles.

On n’a pas vu de camions-citernes défiler dans les établissements scolaires où les robinets ne coulent plus. Pour le savon liquide et les mouchoirs en papier on en est encore loin. Pourquoi alors attendre que le virus se propage pour réagir? Si jusque-là la grippe porcine n’a fait que contaminer les esprits par un matraquage médiatique orchestré avec la bénédiction des patrons de l’industrie pharmaceutique, aujourd’hui, cette maladie n’est plus une farce de mauvais goût. Lorsque les responsables de la santé publique sont avertis par l’OMS de l’imminence d’une paudémie qui a déjà causé la mort de milliers de personnes, ils n’ont plus aucune excuse.

Brahim TAKHEROUBT

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