lundi 10 octobre 2011

Nessma TV fait de la laïcité son nouveau fonds de commerce

«Nessma une chaîne moderniste du Maghreb, on ne se laissera pas intimider et nous continuerons à diffuser les films qu'on veut. On n'a pas chassé une dictature pour revenir à une autre.» Nabil Karoui, P-DG de Nessma TV.

A quelques jours des premières élections démocratiques en Tunisie, la chaîne de télévision privée Nessma TV a été attaquée par environ 300 islamistes, a rapporté la presse française, qui a fait circuler l'information sur les sites des chaînes françaises comme TF1, France Télévision mais aussi sur les sites du Monde ou Le Nouvelobs. Tout a commencé après la diffusion vendredi (sacré pour les musulmans) du film d'animation franco-iranien Persépolis traduit pour cette occasion en dialecte tunisien.

Ce film qui met en image Dieu sous la forme d'un vieil homme avec une longue barbe blanche a provoqué un véritable tollé, notamment sur Facebook. Les messages d'indignation et d'insultes envers la chaîne se sont multipliés à une vitesse vertigineuse. Un événement a été créé pour organiser une manifestation et «fermer» la chaîne, a rassemblé beaucoup de personnes. Une tentative d'attaque sur le local de Nessma TV a été avortée par les forces de l'ordre.

Ces dernières ont dû employer, des bombes lacrymogènes pour repousser ces attaques. Les forces de l'ordre ont par ailleurs arrêté une trentaine de personnes, a indiqué Hichem Meddeb, porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur. Il faut dire que la représentation de Dieu, sous n'importe quelle forme, est considérée par les musulmans comme un blasphème, mais ce qui a irrité le plus, les manifestants parlent d'une campagne de Nessma TV contre les partis islamistes et plus particulièrement Ennahda de Ghennouchi, qui est présenté par les instituts de sondage comme vainqueurs dans la prochaine élection en Tunisie.

Pour preuve, Nessma TV a organisé après la diffusion du film un débat faisant le lien entre l'histoire du film et la Tunisie, si jamais un parti islamique prenait le pouvoir, allusion faite à l'instauration de la République islamique en Iran dénoncé par Persépolis. Il y a deux ans, avec la série "House of Saddam" dont l'acteur principal est Israélien, Nessma TV avait été accusée d'être de mauvaise foi. Durant le Ramadhan 2009, elle s'est distinguée en diffusant le feuilleton iranien Youcef Seddik, qui avait été interdit dans la majorité des pays arabes car il personnifiait l'un des gens du Livre Saint.

Durant le Ramadhan 2010, Nessma TV récidive en diffusant le feuilleton polémique «Hassen oua El hussein», qui avait été refusé dans certains pays arabes, car il donnait la parole aux compagnons du prophète Ali. Bref, Nessma TV, qui applique un style audiovisuel très décolleté, comme on le voit sur les télévisions de Berlusconi, n'a jamais censuré les baisers ou les scènes dénudées des films occidentaux qu'elle diffuse.

Une manière de se démarquer des autres télévisions maghrébines et surtout de revendiquer cette identité occidentale non déclarée. Cet acte va en tout cas comme pour le documentaire Ni Allah, ni maître, de Nadia El feni, faire de Nessma TV une victime de l'islamisme politique et devenir aux yeux de certains médias occidentaux comme une icône de laïcité.

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