lundi 10 octobre 2011

36 millions de demandeurs, un poste

Peut-on arrêter un chômeur qui demande du travail ? A première vue non, c’est comme noyer un enfant qui demande à respirer. Pourtant, c’est ce qui s’est passé, hier, devant la Présidence où les chômeurs qui s’étaient rassemblés pour exiger du travail et la fin du harcèlement policier ont été arrêtés et empêchés d’aller plus loin. Des chômeurs qui donnent du travail à la police, une boucle sans fin dans laquelle des syndicats sont harcelés, manifestent pour faire cesser le harcèlement et sont embarqués et harcelés. Et pendant qu’ils sont au commissariat ou devant la justice, ils n’ont pas le temps de chercher du travail, ils restent donc chômeurs et manifestent pour se faire encore arrêter. Comment casser cette boucle diabolique ?

Evidemment, il serait plus intelligent de laisser les chômeurs manifester puisque le gouvernement est incapable de leur donner du travail. Mais la Présidence n’aime pas être dérangée, surtout par des mendiants insolents. Car on l’oublie souvent, si être chômeur n’est pas facile, le métier de Président n’est pas de tout repos. Il faut gérer les équilibres, payer la police, nourrir les dobermans, surveiller Ouyahia, éviter les bombes, les empoisonnements et les élections, bloquer les prétendants et les libertés sans tirer sur la foule. En plus, il faut trouver du travail aux chômeurs et, bien sûr, être obligé d’être à son bureau pour écouter les clameurs quotidiennes des différentes catégories qui revendiquent.

D’ailleurs, avant d’être Président, M. Bouteflika était lui-même chômeur et il n’a pas manifesté pour avoir un emploi, c’est la société Algérie, sur CV, qui lui a offert ce poste en CDD, qu’il tente intelligemment de convertir en CDI. On ne peut donc pas lui demander d’être solidaire avec ces chômeurs. Mais on peut lui demander de regarder de temps en temps par la fenêtre, car même pour lui, il n’y a pas de stabilité de l’emploi.

Chawki Amari

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