mercredi 11 novembre 2009

Trop large le kimono…

Un navire nord-coréen en flammes et quinze trous dans la coque d'une vedette blindée du Sud au large de la mer Jaune. Les deux sœurs ennemies n'ont pas trouvé meilleur message pour souhaiter la bienvenue à Barack Obama, le président qui veut visiter Hiroshima et Nagasaki avant la fin de son mandat.

Bien que l'affrontement naval n'ait duré que deux petites minutes, il en dit long sur les vives tensions qui règnent dans cette partie du continent asiatique. Comme quoi, il ne suffit pas de tendre la main pour parvenir à régler, à distance, des conflits de très longue date.

Du jour au lendemain, tout peut basculer dans l'horreur d'une guerre fratricide. Il ne faut pas avoir peur des mots, Barack Obama avance sur un terrain miné où la suprématie américaine ne fait plus le poids.

Entre un partenaire chinois qui s'impose comme puissance régionale et un allié japonais qui cherche à se défaire de la traditionnelle tutelle US, le président des Etats-Unis doit apprendre à marcher sur un tapis d'œufs avec le souci d'en casser le moins possible.

Parce qu'elle est beaucoup plus délicate qu'elle le laisse croire, Barack Obama serait-il enclin de rappeler pour la énième fois que tous les problèmes qu'il a gérés aujourd'hui ce sont ceux qu'il a hérités de son prédécesseur ? Il ne peut que tenter le sauvetage d'une Amérique qui n'arrive plus à suivre l'essor économique d'une Chine populaire qui se sent pousser des ailes partout où elle passe.

Jusqu'en Afrique où les ex-puissances coloniales se font trop vieilles pour supporter le rythme de la course. Incontournables quant à la résolution du conflit nucléaire nord-coréen et l'initiation de la junte birmane au respect élémentaire des libertés, Barack Obama sera-t-il tenté à son tour de jouer la carte des droits de l'homme pour ne pas trop perdre la face au puissant dragon chinois ?

Les analystes sont unanimes à ce sujet, le président US ne peut prétendre être la star qu'il peut être en Europe. Par conséquent, il ne peut s'afficher comme donneur de leçons. D'autant qu'il arrive les mains vides en matière de commerce, chose quasi inadmissible aux yeux des pays asiatiques.

Au mieux, le président démocrate se résignera à clamer l'engagement de Washington envers ses vieux alliés mais également envers ses nouveaux partenaires. En tête de liste, la Chine qui a profité de l'obsession sécuritaire des Etats-Unis des années Bush pour se hisser au premier rang de partenaire commercial des pays de l'Asean, de la Corée du Sud et du Japon.

Ce qui explique toute la difficulté pour Washington à passer du statut de spectateur lointain à celui d'acteur de son second rôle, donnant la réplique sur la scène asiatique. D'autant que ses vieux alliés, en l'occurrence le Japon, ont tendance à lui

tailler le kimono de figurant, forcé à présent à la coopération qu'à la domination. Barack Obama réussira-t-il à limiter l'«indépendance» de l'île que les autorités nippones veulent totale sous l'ère Hatoyama ?

Le hôte US devra faire preuve de beaucoup de tact s'il ne veut pas voir les bases militaires américaines fermées l'une après l'autre. Pis, la fin de la mission nippone de ravitaillement en carburant dans l'océan Indien, en soutien aux forces américaines en Afghanistan. A se demander combien de fois, durant les neuf jours que durera sa tournée, il devra s'incliner, le salut traditionnel en Asie oblige ?

Par Anis Djaad

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