mercredi 11 novembre 2009

Chine, dictature et partenariat

C’est au moment où le monde fêtait le dixième anniversaire de la chute du Mur de Berlin que nous apprenons que l’Algérie a acquis un système sophistiqué de surveillance de l’activité Internet.

Au même moment se tenait d’ailleurs, en Égypte, le sommet Chine-Afrique. Notre continent, dont les régimes sont globalement attachés à leurs dictatures, ont trouvé en l’empire du Milieu le partenaire idéal : pas regardant – et pour cause ! – sur les droits de l’Homme, il peut faire des affaires, les yeux fermés sur les sévices que les tyrans continentaux infligent à leurs peuples. Surtout quand ceux-ci osent insinuer le départ de leurs persécuteurs.

Un putschiste n’osant souffrir un rassemblement contestataire a tiré sur la foule. Et qu’a fait l’Union africaine, désormais agrémentée d’une Commission de paix et de sécurité ? Dans un ultimatum, elle lui a demandé s’il voulait s’engager à ne pas se présenter. Sauf que l’organisation n’ayant pas précisé ce qui se passerait après son expiration, le capitaine n’en a pas tenu compte.

D’ailleurs, en cette année 2009, une dizaine d’autocrates africains ont débuté leurs troisième, quatrième ou cinquième mandats, la plupart en réécrivant les articles de la Constitution relatifs à la limitation du nombre de mandats, érodant les maigres avancées démocratiques glanées çà et là, parfois au prix de lourds sacrifices antérieurs.

L’avantage du partenariat chinois, c’est que la répression constitue un domaine de pointe. Et la présence chinoise n’est pas incommodante. En plus de leur légendaire discrétion, ils sont à la pointe de l’efficacité répressive dans le domaine d’Internet. Justement, à l’occasion de la commémoration de l’effondrement du Mur de Berlin, le gouvernement chinois interdisait le site berlinwitterwall.com parce que trop de cybernautes le visitaient et y évoquaient le “Mur de la censure” chinois. Ce genre de prompte réactivité de la répression numérique a dû compter dans l’offre chinoise de système “de sécurité”. Plus généralement, la Chine est en train de prouver que le développement dans la dictature est encore possible, même dans un monde mondialisé.

Si Hitler a profité du renoncement européen de Munich et Pinochet de la collusion antisocialiste des Américains, Hu Jintao profite du fait que les États-Unis ne veulent pas “une guerre commerciale”, que la France veut vendre des centrales nucléaires… Le monde est mondialisé pour les affaires, pas pour les valeurs. Il n’est donc pas exigeant en termes de démocratie, de libertés ou de droits de l’Homme.

Au demeurant, l’Afrique ne semble pas constituer un far west pour les Chinois. En 2008, ils y ont investi moins de huit milliards de dollars ! Mais ont commercé pour cent cinq milliards. Si le chef d’État chinois n’a pas cru nécessaire de se déplacer au… sommet réunissant son pays avec tout un continent, c’est qu’il ne considère pas cette coopération comme particulièrement stratégique.Cela aura au moins permis à Omar El-Béchir de se pavaner, malgré la CPI, dans un forum international. Rien que pour sa puissante fréquentation, l’Afrique a donc de quoi être reconnaissante à l’empereur de Chine !

Par : Mustapha Hammouche

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