mercredi 11 novembre 2009

Les soucis de M. Khelil

Quand on a écouté attentivement le ministre de l’Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, qui s’est exprimé hier matin sur les ondes de la radio Chaîne III, on le devine tel un commandant de bord dont l’avion traverse une mauvaise météo et qui, malgré tout, s’efforce de rassurer ses passagers. Il ne dit pas que les moments fastes du pétrole sont derrière nous, mais c’est ce qu’il faut comprendre quand il rappelle toutes les conditions qui rendent aléatoires une reprise stable des prix.

Parmi ces conditions, il évoque la taxe carbone dont personne ne sait si elle ne dépassera pas l’Hexagone après la conférence de Copenhague. Cette taxe pensée pour réduire la consommation des énergies fossiles et donc forcément réduire la demande. Même quand il s’efforce de dire que «les réductions de production cumulées de 4,2 millions de barils/jour décidées en 2008 ont influé positivement sur les cours du pétrole», il sait pertinemment que ces cours dépendent aussi et surtout de la spéculation et du cours du dollar, comme il le laissera échapper peu après.

Il dit également que «l’Algérie a perdu (depuis la décision de l’OPEP qui a fait baisser notre quota de production de 2 millions de barils/jour) 15% en volume de pétrole exportés mais a réussi à tripler le prix avec cette décision». Oui mais un prix bas même triplé reste bas. C’est n’est pas sans raison non plus s’il s’est plus attardé, au cours de l’émission, sur le gaz et les effets négatifs qui agissent sur son prix tels les contrats à long terme qui sont autant de verrous, de son indexation sur le pétrole actuellement plutôt bas, ou encore de cette pratique de la confidentialité des prix que regrette M.Chakib Khelil, en rappelant que «personne ne veut dévoiler à quel prix il vend son gaz sur le marché».

Notons au passage que cela semble être l’une des bonnes raisons pour laquelle l’Algérie appelle à une «Opep du gaz». Fermons la parenthèse et revenons aux soucis de notre ministre de l’Energie qui nous rappelle que le «prix du gaz a (surtout) décliné d’une manière substantielle dernièrement en raison du développement par les Etats-Unis d’une nouvelle technologie leur permettant de devenir autosuffisants en cette ressource énergétique». De ce fait, l’exportation de gaz vers les Etats-Unis se réoriente vers l’Europe avec, comme incidence, la baisse de son prix, notamment sur le marché Spot.

Pour faire face à la situation, notre pays, selon le ministre, compte «faire un effort exceptionnel dans le développement de gisements gaziers découverts pour satisfaire les besoins nationaux et augmenter ses exportations» de près de 23 milliards de m3 à l’horizon 2014. En somme, faire «jouer» la quantité, d’autant que nous sommes parmi les premiers pays producteurs de gaz, pour combler le manque à gagner dû à la baisse des prix.

Cela dit, le danger n’a rien d’imminent pour nous. Ce n’est pas demain que le monde pourra se passer des hydrocarbures. Les soucis de M.Khelil s’inscrivent dans le long terme, qu’il s’agisse du pétrole, du gaz, du nucléaire ou du solaire. Son courage et son sang-froid pour nous expliquer les écueils méritent tout le respect car il s’agit surtout du legs aux générations futures.

Zouhir MEBARKI

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