jeudi 8 octobre 2009

Le Sahel et le chant coquin

Récemment alors que les pays du Sahel se réunissaient pour accorder leurs violons et voir comment assurer leur sécurité commune, loin des ingérences, la France choisissait ce moment pour y aller de son cocorico et claironner aux quatre vents qu’elle ne laissera jamais la région exposée aux dangers de l’actuelle Qaïda ou de toutes celles à venir. Il devenait alors limpide que Paris n’était pas enchantée par une démarche sahélienne qui ose l’allégement des prérogatives de la Françafrique.

Paris qui, l’an passé, avait terminé en 4e position dans le classement mondial des marchands de canons, devait certainement avoir un programme pour la région puisque, selon les informations qui circulent, elle compte fourguer en quantité importante certains produits de son industrie militaire au Mali, au Niger et à la Mauritanie, c’est-à-dire les trois pays censés être les moins rechignants. La grande trouvaille en mesure de torpiller l’entente régionale à laquelle étaient parvenus nos pays c’est de proposer des armes à des conditions tout à fait françafricaines. Et puis, le prix d’une caisse de munitions revient quand même moins cher que celui d’un tracteur agricole.

Les dernières nouvelles disent qu’une délégation militaire française a visité les trois pays pour préparer l’acheminement des armes. A-t-on au moins eu la politesse d’aviser les Algeriens ? Malheureusement, tout indique que non et l’on dit même que l’acte français a surpris Alger qui y voit de l’hostilité, voire une tentative d’encerclement par le Sud !

Le projet a-t-il une chance de réussir ou connaîtra-t-il le même sort que celui de l’Africom ? «La coopération avec l’Algérie et les Etats du Sahel suffit à la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière», déclarait avant-hier M. Mohamed Val Ould Bilal, l’ambassadeur mauritanien, au journal qatarien El Watan.

«La concurrence entre l’éléphant américain et le coq français ne vise qu’à glaner des contrats économiques dans la région», ajoutait-il, précisant sa pensée. Il n’a pas été jusqu’à dire que face à ces situations on préférait chez les diplomates parler de pressions plutôt que de chantage.

Par Mohamed Zaâf

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