dimanche 4 octobre 2009

Le bébé avec l’eau du bain...

L’Eepad, provider Internet, en difficulté financière, va-t-il connaître le sort qui a été celui de maintes entreprises algériennes disparues ces dernières années au moment même où elles devenaient effectivement productives, avec pour conséquence des milliers de travailleurs sur le carreau? C’est en fait la question qui se pose aujourd’hui dès lors qu’il semble plus facile (aux autorités publiques) de se débarrasser de ces sociétés boiteuses que de tenter de récupérer ce qu’il y a de sain en elles, victimes de mauvaises gestions ou de malversations de leurs dirigeants.

C’est du moins l’impression qui prédomine à voir ces sociétés, qui promettaient tant, péricliter et disparaître du jour au lendemain. Cela a été le cas de l’Union Bank, de Khalifa Airways, de Tonic Emballage... pour ne citer que quelques- uns des cas qui ont défrayé la chronique ces dernières années. Faut-il alors croire que le privé n’a pas d’avenir dans notre pays? C’est aller un peu vite alors que de nombreuses entreprises privées ont parfaitement réussi dans leur domaine choisi, s’inscrivant en faux contre l’affirmation de non-viabilité d’une économie non étatique.

Il semble plutôt qu’il n’existe pas une culture économique et financière en Algérie qui permette de minimiser les dégâts. Or, c’est exactement le contraire qui est observé, allant souvent dans le sens de la liquidation. Or, une société qui disparaît ce sont des milliers d’emplois en moins et des centaines de travailleurs mis au chômage technique.

Les mauvais gestionnaires, cela existe, ce n’est certes pas une raison suffisante pour sanctionner la société quand il suffit de condamner le(s) responsable(s) direct(s) de la banqueroute (P-DG, directeur général, gérant) sans porter atteinte à des entreprises qui font vivre des milliers de familles. C’est pourtant la formule des liquidations - par voie judiciaire qui a prévalu ces dernières années - de sociétés mal gérées ou en difficultés financières qui a prévalu. Le cas de l’Eepad ne diffère pas de beaucoup de ce qui s’est alors passé pour d’autres sociétés contraintes de mettre la clé sous le paillasson parce que l’on n’a pas cherché à leur trouver une politique de rechange.

Il est vrai que le libéralisme sauvage, mis en place en marge de l’avènement de l’économie de marché, a provoqué des richesses sans cause, et l’émergence d’apprentis capitalistes qui ont confondu gains faciles et richesse assise par le travail et la production. Raison de plus pour sauvegarder des entreprises qui, en dépit de la présumée corruption de leurs dirigeants, ont créé des richesses par la création d’emplois. Or, ces sociétés ont disparu avec la déchéance de leurs fondateurs.

Ce qui n’est pas normal en économie, d’une manière générale, en économie de marché plus particulièrement alors qu’il est possible de remettre à flot ces sociétés. Partout ailleurs dans le monde, l’Etat tente de sauvegarder des entreprises viables créatrices d’emplois - on l’a vu récemment aux Etats-Unis lorsque la banque fédérale a recapitalisé des sociétés à la dérive et leurs responsables priés de démissionner - en leur venant en aide, d’une manière ou d’une autre. Pourquoi cela ne fonctionne pas en Algérie où le couperet tombe rapidement pénalisant plus les travailleurs que le dirigeant responsable de la faillite de son entreprise?

Aussi, s’il faut condamner absolument des pratiques commerciales nuisibles, il ne faut pas pour autant remettre en cause l’existence de ces sociétés, comme cela a été malheureusement le cas pour de nombreuses entreprises victimes des errements de leurs responsables. De fait, ces turbulences commerciales pourraient, à terme, signifier l’échec total de la gestion d’un tel milieu dans notre pays, et l’incompétence rédhibitoire de nos dirigeants à gérer la chose économique. Ce qui serait une condamnation sans appel des dirigeants algériens à gérer l’économie. Ce qui serait terrible.

N. KRIM

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire