samedi 7 novembre 2009

Nessma TV sauvée par la justice

«Nessma n’est pas le ministère de la Culture... Nous sommes une chaîne commerciale.»
Nabil Karoui, propriétaire de Nessma TV

La chaîne tunisienne privée Nessma TV vient, pour la première fois depuis son installation avec ses nouveaux associés, d’être traînée en justice par un avocat qui a exigé, en urgence, l’arrêt de diffusion du reste des épisodes du feuilleton House of Saddam.

L’Expression avait, dans le passé, exprimé dans une de nos chroniques sa réprobation quant à la diffusion de cette mini-série en quatre épisodes d’une heure, qui donne une vision occidentale de la vie de l’ancien président irakien, Saddam Hussein. Finalement, un avocat tunisien dénommé Jamel Marès, s’est présenté le lundi 12 octobre 2009 au tribunal d’instance de Tunis avec la demande d’arrêter d’urgence la diffusion des épisodes restants de House of Saddam sur Nessma TV.

Par conséquent, un huissier de justice s’est déplacé au local de la chaîne pour le signifier aux responsables de l’affaire. Le plaignant s’appuyait dans sa plainte sur deux principaux arguments: le premier est basé sur le fait que selon la Constitution, la Tunisie est un pays arabe et islamique alors que le contenu de House of Saddam nuit à l’image des Arabes et des musulmans.

House of Saddam, est non seulement qualifié par l’avocat de produit nocif, mais aussi contient des scènes susceptibles d’atteindre à la pudeur de certains téléspectateurs. Mais le 23 octobre, le tribunal de première instance de Tunis a finalement rejeté l’action en justice intentée à l’encontre de la chaîne Nessma qui ne doit son salut qu’à ses récentes relations au palais et une intelligence de la justice tunisienne, qui, en condamnant cette télévision privée, aurait donné une mauvaise image de l’ouverture audiovisuelle prônée par les autorités tunisiennes.

Tout de suite après le verdict, la chaîne a publié un communiqué de presse visiblement sans préparation. Ainsi, la chaîne tunisienne a indiqué que House of Saddam ne signifie en aucun cas qu’elle en cautionne le contenu. Capitale erreur (car là on se pose la question si Nessma Tv dispose d’une ligne éditoriale, car toute télévision doit posséder une ligne et cautionner chaque production qu’elle diffuse.) Nessma TV a également déclaré que sa référence est la série Houdou Nessbi, une oeuvre de fiction arabe.

Or, cette version est produite par des pays adversaires de l’Irak et qui avaient envie de donner leur avis sur le régime de Saddam. Une vision qui n’est pas partagée par certains médias arabes et même certains pays arabes. Pour preuve, mis à part les pays producteurs, aucun autre pays arabe n’a voulu acheter le feuilleton, pourtant d’une qualité technique excellente. Le communiqué de la chaîne a indiqué aussi que House of Saddam met l’accent sur la participation de comédiens tunisiens. Ce qui est faux, puisque les principaux comédiens arabes sont Marocain: Saïd Taghmaoui, Egyptien Amr Waked, acteur fétiche de Yousry Nasrallah et qui fut très convainquant dans Syriana.

En fait, les seuls participants tunisiens à cette série sont des figurants. «Nous sommes une chaîne commerciale», affirme Nabil Karoui. Mais une journaliste tunisienne lui répond sur le Net: «M.Nabil oublie un détail important. En fait, une chaîne qui se dit à caractère commercial n’est pas effectivement neutre.» Il faut d’abord faire ses preuves commerciales, car malgré cette polémique, Nessma n’a pas égalé ou dépassé les 2700.000 téléspectateurs ayant suivi le premier épisode sur la BBC.

Amira SOLTANE

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