samedi 7 novembre 2009

La fin d’un mythe

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a décidé de ne pas briguer un nouveau mandat. Il montre à quel point il est conséquent avec lui-même. Dans une de ses rares confidences faites à El Watan en septembre 1993, Mahmoud Abbas, alors chef des négociateurs palestiniens, tenait à se démarquer de l’euphorie ambiante. Rien de plus faux, nous disait-il. Ce n’était pas encore la paix, soulignait-il. L’homme de l’ombre qu’il était affirmait aussi que le plus dur était à venir.

En seize années, il a tout tenté, beaucoup plus par souci de ne pas endosser un quelconque échec. En fin de compte, la mission devenait impossible, les Israéliens toutes tendances confondues ont montré à quel point ils ne voulaient pas de la paix. Et c’est donc tout à fait normal que Mahmoud Abbas mette fin à une large supercherie, ou encore un énorme mensonge. Etre et demeurer le président du peu qui a été créé par les accords d’Oslo et aussitôt repris par Israël. Il s’agit bien sûr de l’Autorité palestinienne qui n’a jamais, sinon rarement, exercé la fonction d’autorité.

Il en avait assez des tapes sur l’épaule, ou d’expressions imposées par le simple protocole qui cachaient l’essentiel. Plutôt que de la faire évoluer, les quelques accords conclus avec les Israéliens ont aggravé la situation des Palestiniens, subissant toutes les violences, celle des armes interdites généreusement fournies à Israël, et jusqu’au chantage alimentaire.

Ou encore cette fracture aujourd’hui béante au sein du mouvement de la résistance palestinienne. Son embarras, voire son cauchemar. « Que fallait-il dire aux Palestiniens ? », se demandait-il certainement chaque matin, lui qui savait qu’en 1993 il y avait au sein de la population palestinienne autant d’opposants que de partisans de la voie pacifique. Au moment même où le monde entier suivait la cérémonie de signature de l’accord de principe, il savait qu’il fallait faire face à différentes oppositions et rallier, au processus de paix, le plus grand nombre de Palestiniens.

Tout compte fait, ces derniers, sans être en avance sur leurs dirigeants, devenaient de plus en plus nombreux, et leur premier acte important était de donner trois années plus tard leurs voix au mouvement Hamas lors des élections législatives. Et en toute connaissance de cause. Et encore, ce sont Israël et ses alliés qui ont fait campagne contre l’Autorité palestinienne, qu’ils disaient discréditée, parce qu’elle refusait de faire davantage de concessions. En fait, il n’y avait plus rien à donner, et la hantise de Mahmoud Abbas, au très long parcours nationaliste, refusait d’être qualifié de traître.

Les Palestiniens se sont effectivement gardés de le faire. Dans quelques semaines, il quittera donc la présidence de l’Autorité, renvoyant les Israéliens et leurs alliés à leurs soucis. Eux doivent certainement se demander qui succédera à Mahmoud Abbas, mais ce sont eux les responsables de l’échec du processus de paix et du vide qui pourrait résulter d’une telle situation. C’est à eux de le gérer. C’est simple.

Par T. Hocine

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