mercredi 4 novembre 2009

Les insoutenables revirements de Washington

Lors de sa tournée au Moyen-Orient, la secrétaire d’Etat américaine aux affaires étrangères, Hillary Clinton, a commis deux maladresses. La première en affirmant que la question de la colonisation n’était pas «constituer un préalable à la reprise des négociations» entre Israéliens et Palestiniens. La deuxième est relative au conflit au Sahara occidental. Parce que, une fois de plus, la secrétaire d’Etat a entretenu un flou, pouvant être préjudiciable, sur une question aussi sensible que le conflit au Sahara occidental. «La politique des Etats-Unis vis-à-vis de cette question n’a pas changé», a-t-elle dit avant-hier à Marrakech, (Maroc), lors d’une conférence de presse.

La déclaration peut paraître normale si elle n’a pas donné lieu à différentes lectures des médias internationaux. Les Marocains y voient, en effet, un soutien ferme à leur proposition de «large autonomie» que les Sahraouis ont rejetée. Le flou est d’autant plus grand que Barack Obama, dont l’élection, il y a tout juste une année, avait suscité des espoirs dans toute la région, avait exprimé, il y a quelques mois, sa volonté de voir le dossier avancer. Mieux, le journal espagnol El Païs avait même révélé que le président américain avait sommé le roi du Maroc à faire des concessions pour aller vers une solution définitive du conflit. Mais à voir de près, l’administration américaine n’en est pas à sa première contradiction.

Cela fait, en effet, plusieurs mois que Barack Obama répète, dans toutes ses déclarations, que la paix au Proche-Orient n’est pas possible sans l’arrêt de la construction des colonies israéliennes ou, tout au moins, leur gel. La position n’a jamais plu, bien évidemment, à l’Etat sioniste. On a même épilogué dans des journaux hébreux et américains sur une crise dans les relations entre Tel-Aviv et Washington. La situation est restée en l’état jusqu’au revirement de Hillary Clinton, la semaine dernière.

Le plus grave est encore cet autre contre-pied de la secrétaire d’Etat lors de la réunion de Marrakech sur la paix au Proche-Orient. Elle a soutenu, encore une fois, que «la poursuite des colonies est une atteinte au processus de paix».Là, les choses prennent une toute autre tournure. C’est toute la politique américaine qui prend un coup. Autrement dit, l’administration Obama, qui a suscité des espoirs dans le monde entier, notamment après le fameux discours du Caire où le locataire de la Maison Blanche avait tendu la main au monde arabo-musulman, perd peu à peu de sa crédibilité.

Une crédibilité déjà sérieusement entamée dans les conflits irakien et afghan.Cela peut paraître un vœu pieux. Mais l’administration américaine a intérêt à ne pas décevoir. D’abord dans le dossier palestinien, puisque Obama s’y est jeté corps et âme, mais aussi dans d’autres conflits comme celui du Sahara occidental qui ne peut être dissocié de la problématique de la décolonisation. Sur toutes ces questions, et sur d’autres encore, les Américains ont montré de bonnes intentions, l’administration américaine a le devoir de trancher. Dans le cas contraire, Obama ne sera, au meilleur des cas, qu’une copie conforme de ses prédécesseurs.

Par Ali Boukhlef

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