mercredi 7 octobre 2009

Système éducatif à deux vitesses

A peine les élèves et le personnel enseignant ont-ils repris le chemin de l’école que le secteur de l’éducation est secoué par un appel à la grève lancé lundi à l’instigation des syndicats autonomes du secteur regroupés autour de l’intersyndicale.

Les enseignants ont tenu par ce nouveau débrayage qui donne la mesure du climat tendu dans lequel s’inscrit la rentrée de cette année à célébrer la journée internationale de l’enseignant par une large action de mobilisation autour de leurs revendications socioprofessionnelles pour rappeler à la tutelle qu’ils demeurent toujours mobilisés pour faire aboutir leurs revendications.

Vieux contentieux s’il en est, la grogne des enseignants qui dure maintenant depuis plusieurs années a marqué toute une génération d’enseignants, anciens et nouveaux, que les luttes syndicales pour une école performante et un statut de l’enseignant qui préserve la dignité des travailleurs de l’éducation ont placé au-devant de l’actualité.

Face au silence, à l’indifférence et au mépris de la tutelle qui joue manifestement sur l’essoufflement du mouvement – un pari qui est contrarié à chaque fois sur le terrain – les enseignants affiliés à l’intersyndicale ou qui adhèrent à la plateforme revendicative de ce syndicat furent amenés, malgré eux, à passer plus de temps à battre le pavé dans des manifestations de rue et des grèves ininterrompues bravant la répression policière et le harcèlement de la justice que sur les estrades des salles de classe.

Fidèle à une ligne de conduite qu’il s’est imposée depuis le début de la crise où les canaux du dialogue ont vite fait de céder la place à l’anathème et à la diabolisation des animateurs du mouvement, le ministère de tutelle, à défaut de trouver une issue heureuse à ce conflit qui n’a que trop duré, joue la carte de la déligitimation et de la décridibilisation du mouvement.

Au lendemain de la grève, le ministère a rendu public un communiqué dans lequel il met en avant les taux de suivi dérisoire de la grève en réponse aux représentants de l’intersyndicale se félicitant de la large mobilisation qui a caractérisé le mouvement de grève de lundi.

Les conséquences de ce bras de fer qui n’en finit pas entre la tutelle et les enseignants engagés dans le mouvement de contestation de l’intersyndicale se sont déjà lourdement fait sentir à l’ombre de cette crise au regard des résultats scolaires affligeants et du niveau général de l’enseignement et des élèves. De cela on ne semble pas trop s’en préoccuper. La parade est déjà trouvée pour noyer le poisson : on vient de décider de créer des écoles pour surdoués, pour les élites.

Comprendre pour les enfants des privilégiés du système qui n’auront plus à faire le déplacement à l’étranger pour étudier dans les grandes écoles. Une façon de reconnaître a contrario que nos enfants portent des tares congénitales qui font d’eux des cancres parfaits. Secteur éducatif en panne ou à deux vitesses ?

L’intrusion de l’école privée dans le système de l’enseignement qui a amené des parents pas forcément nantis à quitter le secteur public en quête d’un enseignement plus performant a déjà précipité d’une certaine manière le système éducatif national dans cette voie. Preuve par neuf que l’enseignement public va mal.

Par Omar Berbiche

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