lundi 12 octobre 2009

L’histoire et les larmes du crocodile

La Radio Chaîne III (algérienne faut-il le préciser) a tendu le micro au dirigeant du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) une ONG française, pour passer ses propos au journal de 12h30, hier, où on l’a entendu «s’indigner» sur le prix littéraire «Luc Durand-Réville» que délivre «L’Académie (française) des Sciences d’Outre-mer» anciennement «Académie des sciences coloniales».

La bonne foi des journalistes de la radio n’est pas à mettre en doute. Eux aussi ont été, sans aucun doute, indignés d’apprendre que cette «académie» qui est une structure dépendante du ministère français de l’Enseignement supérieur, puisse promouvoir des écrits sur «les aspects positifs de la colonisation» par l’attribution d’un prix dit «Durand-Réville». Ils ont été indignés que ces «aspects positifs» plus connus par la loi du 23 février 2005, reviennent encore sur le tapis.

Ils ont été indignés et on les comprend. Sauf que...sauf que...ce prix ne date pas d’aujourd’hui. Il est attribué chaque année depuis 2003. Donc cette année nous en sommes à la 7e édition. Il aurait fallu s’en indigner toutes les années passées ou pas du tout. Pourquoi, alors, aujourd’hui et pas les années passées? Parce que «l’info» est partie «d’outre-mer» et non sans raisons. La reprendre au vol chez nous relève de la précipitation car c’est précisément son écho auprès de notre opinion nationale qui était recherché.

Au moment même où notre ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci déclarait que «certaines parties en France s’évertuent à falsifier l’histoire», les falsificateurs ont voulu remettre une couche à «l’oeuvre civilisatrice de la colonisation». Ces mêmes falsificateurs qui ont suggéré l’ineptie d’écrire «une histoire commune».

La vérité est que nous sommes face à une affaire franco-française. Deux Frances cohabitent dans l’Hexagone. Ce n’est pas notre problème. Ce que nous ne devons pas oublier, par contre, c’est que la majorité des Français étaient pour l’indépendance de l’Algérie. A deux reprises. La première fois lors du référendum du 8 janvier 1961 où 54% d’entre eux étaient pour notre autodétermination et 18% seulement étaient contre. La seconde fois le 8 avril 1962 où 65% de Français étaient pour notre indépendance et seuls 7% étaient contre. 18 millions de Français contre moins de 2 millions. Tout le monde peut compulser les archives.

Même pour mieux connaître le personnage qu’était Durand-Réville. Il faut savoir que ses parents ont été expulsés de France, ce qui explique sa naissance au Caire en 1904. Avant de devenir sénateur il aura passé le plus clair de sa vie aux «affaires coloniales». Il faisait donc partie des 2 millions de Français qui étaient contre les 18 millions d’autres Français. Le prix qu’il a institué les concerne. Le débat sur la colonisation aussi.

L’histoire ne s’écrira jamais sur des gesticulations. Il y a des archives pour cela. Pour dire si les enfumades et le Code de l’indigénat ont été «civilisateurs»? Ou, pour être plus précis, s’ils peuvent être l’oeuvre de gens civilisés? Alors, Messieurs de l’Académie des sciences, décernez le prix que vous voudrez, vous ne changerez pas le cours de l’histoire! Ni celui de la France et encore moins le nôtre.

Zouhir MEBARKI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire