lundi 12 octobre 2009

Phénomènes de société

La foule qui sort et délivre ses pulsions de délire (ou qui se terre et se tait, c’est selon), après un match de football, c’est un fait courant de nos jours. Mais que l’élan se fasse et se passe avec une telle profusion de joie, dans une telle communion, dans un tel déferlement de cris, dans un tel bonheur, bref, dans un tel excès, tout cela recèle quelque chose de dissimulé, justement dans l’étalage de l’apparat festif.

Dans ces moments-là, il faut bien sûr se garder de ne pas partager la gaieté de toute la société. Mais cette immersion dans l’allégresse collective n’exonère pas, et au contraire dicte de tenter de comprendre ce qui se passe dans l’esprit des gens, «jeunes et moins jeunes», selon la formule consacrée. Pulsion défoulatoire ? Expression passionnée d’un attachement patriotique sans retenue ? Chauvinisme sportif ? Envie de défier tous les interdits contre l’expression de la joie, communément partagée ? Façon de fêter le retour à la paix, après des années de souffrance, de deuil et de larmes ?

Dans ce sillage, une manière subliminale de décliner, collectivement, l’attachement à une nation qui a failli être pulvérisée ? Simple délire de joie d’une population en mal de sortie nocturne ? Profanes en matière d’analyse sociologique, on ne peut que dire qu’il y a un peu de tout ça. En tout état de cause, l’analyse ne détruit pas la pulsion festive, mais, en la déconstruisant, essaie de la soumettre à la nécessité d’une meilleure compréhension.

C’est là un trésor qui s’offre aux sociologues. A eux de l’expliquer et d’en faire émerger les fondements qui se lovent derrière les youyous, les cris de joie et les chants de vie pour vivre une société qui tient à dire qu’elle ne s’est pas endormie.

N.S.

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