lundi 12 octobre 2009

Avance sur recettes

Quand Alfred Nobel, savant de génie, avait mis au point la TNT, il avait dû avoir des remords certains, en considérant les dégâts que pouvait causer son invention à l’humanité. C’est pourquoi, il avait décidé dans son testament, que soit consacrée son immense fortune amassée par son brevet, à réparer les torts et les injures faits à cette humanité souffrante. C’est la raison pour laquelle, chaque année, des chercheurs, des savants, des écrivains, des hommes de paix sont récompensés par les cours de Suède et de Norvège.

Les prix qui attirent souvent l’admiration du monde sont ces savants qui, pendant des décennies, se sont penchés, dans leurs laboratoires seuls ou avec quelques étudiants d’une prestigieuse université, sur des cornues ou éprouvettes ou l’oeil rivé sur un microscope, guettant au fil des expériences maintes fois recommencées, la preuve d’une théorie ou la confirmation d’une intuition. Et ce n’est qu’au bout de beaucoup d’années de persévérance et de sacrifices que leurs efforts sont récompensés par un jury vigilant quant à la paternité de l’invention, de la découverte ou des efforts consentis pour un noble but.

L’exemple le plus éloquent est bien celui de Marie Curie, qui, avec son époux Pierre, avait dû manipuler des tonnes de pechblende pour extraire quelques grammes d’un minerai radioactif: le radium. Ces efforts lui valurent deux fois le prix Nobel, un en physique et l’autre en chimie, et un cancer contracté à force de manipulation de produits radioactifs: c’est l’histoire du papillon qui se brûle les ailes en s’approchant trop de la lumière. Mais le prix Nobel le plus couru et le plus prestigieux est bien celui de la paix.

C’est normal dans un monde en guerre perpétuelle. Il est attribué en général à des personnalités qui ont oeuvré inlassablement à la résolution de conflits armés par la voie diplomatique, ou à une lutte pour l’émancipation d’une minorité opprimée dans un pays donné ou au couronnement d’une vie consacrée à la défense de la dignité humaine, à la protection de l’environnement ou à l’établissement d’une réconciliation nationale après un conflit pluridécennal: c’est le cas de Nelson Mandela.

Mais l’attribution d’un prix Nobel à un «jeune» président de la République, fût-il des USA, n’a cessé de soulever des polémiques: voilà un homme qui vient à peine d’être élu et dont les seuls mérites sont qu’il est le premier homme d’origine africaine à s’installer sur le fauteuil présidentiel cent cinquante ans environ après l’abolition de l’esclavage, et qu’il a exprimé son intention de privilégier l’action diplomatique sur les expéditions guerrières où se sont illustrés ses prédécesseurs. Donc, tout est dans l’intention rien dans les faits. Le prix Nobel aurait dû être attribué au peuple américain pour s’être réconcilié avec lui-même.

Quant à Barack Obama, il devra résoudre ou contribuer à résoudre les plus vieux conflits nés d’une décolonisation avortée: le conflit palestinien et le conflit du Sahara occidental. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. En attendant, Obama a bénéficié de la sympathie du monde entier et de cette vieille pratique du Centre national du cinéma français qui alloue des fonds pour la réalisation de toute oeuvre cinématographique: c’est la célèbre avance sur recettes.

Selim M’SILI

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