dimanche 18 octobre 2009

La presse en question

La FNJA sort enfin de son mutisme pour rappeler à la corporation la situation socioprofessionnelle dans laquelle elle est recluse et surtout son atomisation chronique qui l’empêche de prendre conscience de sa situation afin d’agir. Depuis la disparition programmée du MJA, la presse a consommé et consumé trois syndicats qui ont jauni à force de se compromettre soit avec le pouvoir, soit avec des partis politiques.

Ce qui a d’ailleurs poussé certains confrères à se mettre sous l’aile de l’UGTA et à initier un processus qui a abouti aux assises de la Fédération nationale des journalistes algériens. Ce syndicat est décrié par les «oppositionnistes» parce que justement la FNJA est affiliée à l’UGTA. Néanmoins, la combativité d’un syndicat ne se mesure pas à sa filiation, mais à ses actes et son rapport au terrain des luttes déserté justement par ceux-là même qui jettent l’anathème sur la FNJA.

Hier, la FNJA a rendu publique une déclaration digne de toute l’attention dans la mesure où elle peut servir de plate-forme de revendications de nature à polariser et à structurer la corporation autour d’un consensus minimal. Une plate-forme en six points relatifs à la pénalisation du délit de presse, au soutien financier de la presse et aux conventions collectives, à la carte nationale de presse, aux conditions d’intégration à la profession de journaliste, à la titularisation immédiate de plus de 230 journalistes en situation précaire dans les médias publics et, enfin, au dégel du projet de logements pour les journalistes.

Ces six revendications sont, en effet, celles de toute la corporation qui est appelée à les étudier et, pourquoi pas, les enrichir et les affiner afin d’en faire une charte de combat commun pour les droits des journalistes qui ne connaissent pour l’heure que les devoirs de la profession.

La FNJA interpelle directement les pouvoirs publics et les éditeurs qui doivent assumer leurs rôles respectifs, les premiers en tant que régulateurs, législateurs et exécutifs et les seconds en tant qu’employeurs et ce, au-delà de la qualité de journaliste de la majorité d’entre eux. Il appartient donc à la corporation de se prendre en charge.

Le FNJA n’est qu’un catalyseur, n’est qu’un médium, n’est qu’un porte-parole si elle est reconnue comme telle par la majorité des journalistes et assimilés. Le vrai combat est celui que mèneraient tous les journalistes s’ils se décident à s’y engager sans retenue, sans calculs et sans préjugés.

Leurs conditions objectives et subjectives sont déplorables. Toute la corporation le sait mais hésite à se mouiller dans un combat plus que nécessaire pour préserver une profession travestie et dont les lettres de noblesse sont à reconquérir.

Car il ne s’agit pas seulement d’arracher des acquis sociaux, ce qui est aussi légitime que vital, mais aussi de réhabiliter la profession, d’informer par une remise en cause de soi et par l’assainissement des rangs de la corporation et, enfin, par la mise en place d’un Conseil d’éthique et de déontologie à même de veiller au professionnalisme des journalistes.

Par Abdelkrim Ghezali

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