jeudi 1 octobre 2009

Des cartons rouges… à blanc !

Dieu merci, le rôle de l'Union européenne ne se résume pas en un comptage approchant des millions de litres de lait que les agriculteurs déversent à perte dans les champs. 

Il arrive à l'UE d'enquêter aussi. Histoire de savoir qui de la Russie ou de la Géorgie a été derrière le déclenchement des hostilités au début de la guerre des cinq jours. En attendant que le vrai coupable soit débusqué, un rapport des vingt-sept blâme les deux pays ennemis pour «mauvaise conduite».

Les guerres contemporaines sont-elles plus ou moins acceptables quand elles font preuve d'une soi-disant propreté ? Il ne peut y avoir plus blanc que le phosphore et pourtant la guerre de Ghaza a été des plus sales.

Si les victimes du massacre de Jénine sont mortes «pour rien» - il n'a manqué à Ariel Sharon que de crachouiller sur le rapport de l'Onu -, le juge Richard Goldstone a pris la ferme décision que ce scénario ne se reproduira pas. Il ne peut y avoir de paix sans la fin de la «culture de l'impunité».

Les crimes de guerre et possibles crimes contre l'humanité, dont l'armée israélienne est accusée d'avoir commis sous commandement d'Ehud Barak, méritent un sévère châtiment.

Tout comme les tireurs de missiles artisanaux du Hamas palestinien. Le rapport onusien tombe plutôt mal pour les deux parties incriminées, la médiation allemande est sur le point de conclure un accord sur l'échange d'otages contre informations entre Tel-Aviv et la direction politique du Hamas.

Comble du paradoxe, s'il venait à avoir lieu, les deux acteurs continueront-ils de protester «ensemble» les quelque 600 pages que compte le rapport du juge Goldstone ?

Ehud Barak, la vieille colombe qui s'est fait «plomber» les ailes le jour de sa désertion du parti des travaillistes, est le moins bien placé pour pouvoir contester les conclusions du rapport onusien. Invité en Grande-Bretagne par le Labour, auquel Gordon Brown n'est pas près de remettre sa démission, le transfuge Barak s'est rendu dans le Royaume-Uni avec une crampe à l'estomac.

Un collectif de familles palestiniennes ayant déposé plainte contre sa personne devant la cour de justice de Londres qui doit décider si ses juges sont compétents ou non pour instruire l'affaire. Cependant, l'actuel ministre de la Défense israélien n'a aucun souci à se faire quant à son hypothétique arrestation.

Il s'appelle Ehud Barak et non pas Omar El Bachir que son parti, au pouvoir, vient de désigner comme candidat à la prochaine présidentielle.

Le négociateur en chef à Camp David rentrera à Tel-Aviv avec les honneurs militaires, le juge sud-africain a donné à l'Etat hébreu et aux «autorités de Ghaza» six mois pour mener leurs propres enquêtes. Si d'ici-là rien n'est fait, le Conseil de sécurité aura obligation de s'en référer au procureur de la CPI. A ce point, les accusés de crimes de guerre à Ghaza sont proches d'un procès à la Nuremberg ?

Les divisions au sein même du conseil des droits de l'homme de l'Onu sont si profondes que le siège de la cour internationale semble avoir été rayé de la carte. L'Amérique d'Obama, éprise elle aussi de la perpétuelle règle de deux poids deux mesures, n'a pu se tenir à l'écart de ce débat. En son âme et conscience, le secrétaire d'Etat adjoint US aux droits de l'homme,

Michael Posner, s'est refusé à mettre sur le même plan moral Israël, un Etat démocratique qui a le droit de se défendre et le Hamas qui a répondu au retrait israélien de Ghaza en terrorisant les civils israéliens. Qu'il s'agisse du premier ou du second, les cartons rouges qui leur ont été distribués risquent bien de ressembler à des tirs à blanc. A se demander encore où en est l'enquête internationale sur l'assassinat du milliardaire Rafik El Hariri.

Par Anis Djaad

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