lundi 28 septembre 2009

Deux sommets et deux philosophies

Le ton utilisé par certains dirigeants africains et latino-américains, réunis en sommet sur l’île de Margarita, au Venezuela, rappelle les cendres d’une gloire passée et d’un temps révolu.Cette rencontre contraste, par le nombre de responsables présents et par les thématiques développées, avec un autre sommet, celui de Pittsburgh, achevé une journée auparavant. Le nombre, d’abord, parce que, dans la capitale de Pennsylvanie, 20 chefs d’Etat se sont réunis (dont certains se sont retrouvés le lendemain chez Hugo Chavez, à l’instar du Sud-Africain Jacob Zuma, du Brésilien Lula et de l’Argentine Kirchner).

Le même nombre, au presque (27 en réalité) de dirigeants de haut rang se sont rencontrés à Margarita. Sauf que, lors de cette dernière rencontre, d’autres pays, une trentaine, ont envoyé des responsables de moindre envergure, ce qui porte le nombre total des participants à 57.Mais, au-delà des apparences et de l’arithmétique, le sommet des chefs d’Etat d’Afrique et d’Amérique latine est presque une réponse du berger à la bergère : au sommet de Pittsburgh qui veut réguler le système économique mondial, celui de Porlamar a, au contraire, l’ambition de changer complètement la donne en voulant donner à d’autres Etats, ceux dits émergents, la possibilité de peser sur les grandes décisions du monde.

Et c’est cela le fond du problème. Et les discours d’ouverture du sommet de Margarita ont mis le doigt sur les innombrables blessures qui rongent la planète : l’injuste répartition des rôles au sein des instances internationales et la désignation des responsables dans la problématique du réchauffement climatique. Là, on ne peut pas, concrètement, demander à des pays du Sud, souvent oubliés par le train du développement technologique et industriel (deux secteurs très polluants) de payer à la place des véritables pollueurs.

Comme on ne peut pas, non plus, continuer à décider du sort du monde dans un club fermé de cinq pays (qui, de surcroît, s’arroge même le droit de vie et de mort sur toute l’humanité avec cette histoire de l’arme nucléaire).

Cela au moment où ces pays ne comptent même pas le tiers des habitants de la planète. Mais comme l’histoire est un éternel recommencement, cette nouvelle retrouvaille entre les pays du Sud rappelle étrangement ce fameux discours de Houari Boumediene devant le sommet des Non alignés –auquel d’actuels chefs d’Etat avaient participé- réuni le 5 septembre 1973 à Alger, où il évoque le nouvel ordre économique mondial, une idée qu’il défendra une année plus tard à la tribune des Nations unies.

Mais trente-six ans après, les mêmes problèmes restent posés devant un monde de plus en plus incertain. C’est comme si, en définitive, les hommes sont obligés de se rendre à une évidence, somme toute naturelle : le monde appartient aux puissants qui ne laissent que des miettes aux pauvres.

Par Ali Boukhlef

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