lundi 28 septembre 2009

L’assiette ou le tablier ?

Le mot «crèche» a quasiment disparu du langage de nombre de pays développés, puisqu'on parle d'école dès l'âge de trois. Le «préparatoire» aussi a changé de vocation, puisqu'il ne «prépare» plus à l'école dont il en constitue un palier à part entière et où son programme est entièrement intégré.

L'école est un ensemble trop sérieux et trop sensible pour se permettre des ratés à un rythme aussi régulier que le nôtre.

Avant l'égalité des chances devant la réussite, il y a l'égalité d'accès. Une école – publique – qui n'est pas accessible à tout le monde dans son premier palier n'a pas sa raison d'être et devrait fermer ses portes de… honte. C'est le sentiment d'égalité face au prof, l'unicité des programmes et des sujets et méthodes d'évaluation qui apprennent à l'enfant que la réussite tient d'abord de l'effort et le mérite de la qualité du travail accompli.

Or, l'école algérienne prise dans sa globalité est-elle accessible à tout le monde ?D'abord cette histoire d'année préparatoire censée être ouverte à tous les enfants et même obligatoire, alors que dans les faits, c'est très loin d'être le cas.

Des établissements scolaires dont les responsables n'y ont même pas (encore) pensé, d'autres où les «heureux élus» sont carrément triés sur le volet, d'autres encore s'excusent courtoisement auprès de parents désespérés en invoquant le nombre limité de places disponibles, et enfin les derniers qui inventent toutes sortes de subterfuges pour refuser des bambins en âge légal d'entrer à ce premier cycle scolaire.

Question pas du tout innocente : un enfant qui n'a pas fait le préparatoire, quels que soient son effort et ses qualités innées a-t-il vraiment les mêmes chances de réussite que celui qui en a fait ? L'année préparatoire est-elle finalement un droit pour tous les enfants ? Si la réponse est oui et que la logistique n'a pas suivi, c'est grave.

Si la réponse est non et que les parents d'enfants non admis doivent s'y résigner, c'est encore plus grave. Et puis ces tabliers promis à transcender, sinon atténuer les différences sociales à l'école, alors que leur introduction a été vécue et continue d'être vécue comme un cauchemar par les plus défavorisés précisément, parce que les riches peuvent en procurer à leur progéniture à n'importe quel prix ?

Et ces cantines promises à la généralisation sans qu'on les voie venir ? C'est devant la même assiette pourtant que les élèves de toutes conditions peuvent se sentir un moment égaux.

Pas avec de copieux et coûteux sandwiches pour les uns et le croûton à la tranche de tomate pour d'autres. Ce n'est pas non plus la couleur du tablier qui mettra tout le monde sur un pied d'égalité. Pour cela, il aurait fallu peut-être commencer par l'essentiel. L'accès au préparatoire en fait partie.

Slimane Laouari

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