lundi 28 septembre 2009

Navigation à vue

Le bateau de l’éducation fait eau de toutes parts. Deux semaines après la rentrée officielle des classes, les élèves, les parents d’élèves et l’encadrement pédagogique vivent toujours cette rentrée au rythme des essais de laboratoire d’une réforme inachevée des horaires, laquelle s’est vite révélée aussi bancale que pédagogiquement inadaptée et inefficace.

Ceux qui avaient pensé le réaménagement des horaires dans le sillage du nouveau week-end algérien fixé pour les vendredi et samedi avaient tort de considérer ce changement comme une banale opération technique consistant à basculer d’un calendrier des cours à un autre, ignorant ou sous-estimant les implications pédagoqiques et sociales qu’un tel changement structurel pouvait forcément induire sur le système de l’enseignement dans sa globalité.

En effet, c’est à un véritable cafouillage auquel nous assistons depuis la rentrée scolaire. Personne n’y trouve son compte. Ni le personnel enseignant astreint à de nouveaux horaires, à un étalement et à un allongement du volume horaire d’enseignement pour combler le déficit né du passage de l’ancien week-end au nouveau, ni les élèves qui ne retrouvent plus leurs marques avec des horaires qui ne leur laissent que peu de temps pour les cours extra-scolaires et les loisirs, encore moins les parents d’élèves qui ne parviennent plus à gérer leur temps. Confronté à l’épreuve du terrain, le ministère de tutelle, sous la pression des parents d’élèves et des médias, tente de réagir au coup par coup, en pompier, pour colmater les brèches.

Des ajustements sont apportés à la hâte au dispositif. On décide de prolonger d’une demi-heure la pause déjeuner pour la porter d’une heure à une heure et demie car on a réalisé que les élèves n’avaient ni le temps de se restaurer lorsque l’établissement est pourvu de cantine ni de rentrer chez eux à midi pour ceux qui ont la chance d’être scolarisés non loin de leur maison.

De la même façon, on vient de se rendre compte que le système de la double vacation, qui n’est plus une exception face au phénomène de la surcharge des classes qui caractérise les établissements scolaires, particulièrement ceux des grandes villes, oblige à reconsidérer tacitement l’étalement du week-end réduit pour les élèves, le personnel enseignant et d’encadrement ainsi que pour les parents d’élèves à une seule journée, celle du vendredi.

D’une volte-face à une autre, la décision vient d’être prise d’ouvrir le samedi les établissements scolaires pratiquant la double vacation. L’école algérienne, déjà dramatiquement sinistrée, aurait bien pu faire l’économie de ce genre de « réformette » qui privilégie le paraître sur l’être, l’idéologie de la blouse sur la qualité de l’enseignement et la performance pédagogique de l’école.

On a voulu réformer, administrer l’école en lui appliquant de façon bureaucratique la rigidité du nouveau week-end ; on a déstabilisé l’élève et la famille, en somme toute la société ! Eternels cobayes d’une réforme otage de toutes les luttes d’arrière-garde, nos enfants n’en finissent pas de payer le lourd tribut de l’échec scolaire qui est la seule performance que l’école algérienne ait pu produire.

Par Omar Berbiche

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