dimanche 27 septembre 2009

Un provisoire qui ne dure pas

La valeur des hommes politiques se mesure non pas à la durée de leur pouvoir mais à l’acuité de leur vision, à leur prescience de l’avenir et surtout à leur fidélité aux idées qu’ils ont toujours défendues. Leur immersion dans les problèmes de leur société en fait les avocats les plus efficaces. C’est sans surprise que Zohir Ihaddaden, historien du Mouvement national, nous apprend que c’est Aït Ahmed le premier qui, dans sa lettre de prison de février 1957, proposait à la CEE la création d’un gouvernement provisoire algérien pour répondre aux agressions et aux dénégations du pouvoir colonial contre la Révolution algérienne.

Le fondateur du FFS n’en serait pas à sa première prémonition, puisqu’il faut lui reconnaître que c’est lui qui, après l’humiliante défaite du corps expéditionnaire français à Diên-Biên-Phu, avait déclaré l’urgence du déclenchement d’une lutte armée. Mais il faut reconnaître aussi au rare historique survivant, la lucidité des reports puisqu’il attribuera la création du GPRA à «la dynamique révolutionnaire» induite par le Congrès de la Soummam, congrès dont la paternité revient sans conteste à l’éminent homme politique de l’époque, celui dont la hauteur de vue attirera toutes les inimitiés de ses frères de lutte: Abane Ramdane.

C’est à lui que revient sans doute le mérite d’avoir élargi l’étroit cercle purement nationaliste d’un PPA en crise, et d’avoir sollicité le concours au sein du FLN de toutes les forces vives de la nation: les Uléma, les communistes et l’Udma. C’est la raison pour laquelle ce pluralisme se traduira au sein de la composante du GPRA avec quelques exceptions près, puisque ni les bérbéristes (dont certains comme Benaï Ouali seront exécutés par leurs frères) ou les communistes (dont certains seront déclarés persona non grata dans certaines wilayas alors que d’autres, comme le bâtonnier Lamrani, de Constantine, ont été purement et simplement éliminés) ne seront représentés au sein de cette instance.

Si certains déplorent que le GPRA a été le seul gouvernement démocratique et pluraliste de l’Algérie, il faut remarquer que cette création survenait, non point pour servir d’interface aux futures négociations, mais aussi, pour répondre de manière évidente à l’élaboration de la nouvelle Constitution française, celle inspirée par le général de Gaulle, qui sera adoptée quelques semaines plus tard et qui enterrera définitivement les tergiversations et les errements de la IVe République.

En définitive, les grands esprits se rencontrent: Aït Ahmed, le banni, et Abane Ramdane la victime d’ambitions contrariées. Quant au GPRA, il faut lui reconnaître son rôle éminent dans la lutte contre le pouvoir colonial et ses succès incontestables dans le domaine diplomatique. Si certains de ses membres se sont soumis par la suite à la force brutale, d’autres, par contre, sont restés fidèles à leur idéal démocratique, idéal qu’ils ont payé cher par des années des prison, de bannissement, ou de marginalisation. La Révolution n’est pas une mère affectueuse pour ses fils, tout le monde le sait!

Selim M’SILI

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