dimanche 27 septembre 2009

Sainte alliance!

L’annonce par l’Iran de la construction d’un second site d’enrichissement de l’uranium a induit une véritable levée de boucliers de la part d’un Occident qui parla comme un seul «homme». Mettant de côté toute retenue qui sied à des hommes qui se sont donné pour «mission» de «guider» le monde, les présidents de trois grandes puissances nucléaires ont usé et abusé d’un ton guerrier qui fait droit à la raison du plus fort.

Cela est inacceptable. De la traditionnelle menace de sanctions, régulièrement brandie à la face de l’Iran, Américains, Britanniques et Français semblent vouloir passer à la répression, par l’avertissement émis, notamment, par le secrétaire à la Défense américain qui, sans ambages, affirme: «Une éventuelle offensive militaire contre l’Iran ne ferait que faire ‘’gagner du temps’’ aux Etats-Unis et à leurs alliés en retardant le programme nucléaire de Téhéran ‘’d’un à trois ans’’».

Pour sa part, tout en réitérant sa préférence pour une solution diplomatique, le président Obama refuse d’écarter «l’option militaire». Cerise sur le gâteau, le chef de la diplomatie israélienne - seul Etat dans le monde qui n’adhère ni au TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), ni au Ctbt (interdiction totale des essais nucléaires), ni aux principes généraux de contrôle des matières fissiles, refuse les inspections de l’Aiea, dispose d’au moins 200 têtes atomiques - enfonce le clou en affirmant hier que «les révélations sur ce second site d’enrichissement nucléaire en Iran prouvent sans le moindre doute que ce pays veut s’équiper de l’arme atomique, et nous espérons qu’une réponse sans équivoque sera donnée le 1er octobre».

C’est ainsi Israël, pays hors les lois sur l’atome, imposées à tous les pays du monde, qui appelle à la curée. Les déclarations plus ou moins guerrières de MM.Obama, Sarkozy et Brown, nous ramènent à cette époque exécrable de la raison du plus fort qui s’imposait aux faibles et aux sans-grades. Nous revenons ainsi au schéma classique, sinon basique, de la carotte et du bâton. Les détenteurs de la force interdisent ainsi l’accès au savoir et à la connaissance à tout pays susceptible de les concurrencer et/ou catalogué non amical.

Ainsi, Israël peut disposer de la bombe atomique, c’est un «ami», on lui donne l’onction et l’on ne cherche pas à en savoir plus sur ses capacités nucléaires, l’Iran (cela peut être l’Algérie ou tout autre pays n’entrant pas dans le moule du «politiquement correct» imposé par l’Occident) non. Il ne partage pas les mêmes idéologies, sinon les mêmes principes. Ce qui ouvre droit à cet Occident jusqu’à déclencher une guerre pour interdire ou retarder l’accès de ce pays au savoir-faire nucléaire.

C’est exactement ce qu’a laissé entendre Robert Gates, le ministre américain de la Défense. Ainsi, l’application des règles du TNP et ses restrictions afférentes n’est à l’évidence pas exigée de tous, comme le montre Israël jamais inquiété ni par l’Aiea et encore moins par ceux qui se sont autoproclamés gardiens de l’ordre atomique.
Cette application à deux vitesses du Traité de non-prolifération nucléaire - qui, au final, ne concerne que les pays émergents (pas encore dotés du savoir-faire nucléaire) et en développement - est ainsi devenue une arme pour maintenir en soumission, dans le sous-développement et en marge du savoir et de la connaissance, les pays de l’hémisphère Sud.

La montée au créneau des USA, de la France et de la Grande-Bretagne, principaux fournisseurs du savoir-faire nucléaire, atteste largement de leur prétention à interdire toute indépendance en ce domaine à des pays tiers, à l’instar de l’Iran, qui est en train de développer son propre programme nucléaire, libéré de la pesante tutelle des détenteurs du savoir. C’est cela en fait qui fait peur à ces gardiens du temple et induit le rappel de la Sainte alliance.

N.KRIM

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