lundi 19 octobre 2009

Une voiture nommée chimère

Vingt-deux ans après le canular qui a fait croire aux Algériens qu’une voiture made in Algeria allait sortir de l’usine Fatia de Tiaret, le discours sur la voiture algérienne reprend de plus belle. Hamid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, a, en effet, insinué, hier, que cela est encore possible. Deux semaines auparavant, son collègue du commerce, El Hachemi Djaaboub, avait tenu, lui, des propos beaucoup plus tranchants à l’Assemblée populaire nationale.

Il avait affirmé que des négociations étaient en cours et qu’une réunion du CPE (Conseil des participations de l’Etat) allait se tenir ces jours-ci pour trancher une proposition d’un concessionnaire. Bien sûr que les informations données par l’un et l’autre sont enthousiasmantes. Il est clair que l’Algérie a besoin d’une industrie forte, capable d’endiguer la dépendance aux hydrocarbures et susceptible de créer une dynamique industrielle et économique forte.

Cela a été, théoriquement du moins, enclenché depuis fort longtemps. Mais comme c’est souvent le cas en Algérie, cela a rarement dépassé le stade des intentions. Pire que cela, à l’ambitieux projet de construire une usine à Tiaret, en partenariat avec l’italien Fiat, s’est substitué une autre politique beaucoup plus simpliste.

Elle consiste à tout miser sur les importations au lieu d’encourager la construction ou, tout au moins, le montage en Algérie. Le résultat est connu : les constructeurs automobiles, et pas seulement les plus fiables, ont trouvé une belle opportunité d’écouler leurs produits. Le marché national est devenu, parfois, un dépotoir où tout se vend et s’achète, y compris des véhicules qui menacent la sécurité et la santé du citoyen.

Malgré la position du marché algérien, considéré comme le plus intéressant du continent africain après celui de l’Afrique du Sud, les constructeurs se sont dirigés vers d’autres pays pour y installer leurs usines. Il doit y avoir certainement une raison à cela. Parce qu’un constructeur, quelle que soit sa position, cherche d’abord les intérêts de son entreprise.

Il est évident qu’il ne va pas risquer son argent là où il n’engrangera pas de bénéfices. Cela est un abécédaire de l’économie de marché. Mais il se trouve que chez nous, il y a de l’argent. Et les investisseurs ne viennent pas. Il faut donc chercher où réside le problème. S’agit-il de blocages bureaucratiques ? De manque de volonté politique ?

C’est, en vérité, tout cela à la fois. Et il y a d’autres problèmes.Mais, en attendant de répondre à ces questions, un constat est déjà facile à faire. Ces déclarations ont l’allure d’une chimère puisque déjà faites, mine de rien, il y a plus de vingt-deux ans.

Par Ali Boukhlef

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