jeudi 29 août 2013

Micmacs et décadence

C’est aujourd’hui que devait s’ouvrir la réunion du comité central du FLN dans le but d’installer Amar Saâdani comme secrétaire général. L’ancien président de l’Assemblée nationale, qui passe pour être un proche de Bouteflika, devait occuper le siège de direction – laissé vacant depuis la destitution de Abdelaziz Belkhadem – d’un parti qui a appris à fonctionner de manière autoritaire, sur injonction venue d’en haut. Il est vrai que le Front a connu pire que cela, notamment avec les sessions ouvertes à coups de barre de fer entre redresseurs et caciques après que l’administration et la justice eurent épuisé tous les procédés et «coups tordus» pour imposer le cours des événements selon les désirs du clan présidentiel, en vue de l’élection à la magistrature suprême de 2014.

La réunion des dissidents qui était programmée pour aujourd’hui ne fait pas exception, puisque l’administration, et plus particulièrement le ministère de l’Intérieur, a été à la manœuvre jusqu’au dernier moment pour permettre l’entrée en scène du personnage quelque peu contesté par certains membres de la direction actuelle et une poignée de ministres, dont le ralliement de dernière minute indique bel et bien la volonté de ne pas déplaire au «souverain» et au palais d’El Mouradia. Le choix de l’homme, qui n’est pas fortuit, tout comme ne l’a pas été sa désignation pour la présidence de l’Assemblée nationale, va épuiser le peu de crédit, s’il en reste encore, du vieux parti, comme l’a été l’APN sous sa présidence. D’ailleurs, d’aucuns s’accordent à reconnaître que la désignation imposée du personnage — qui passe pour un des innombrables thuriféraires du régime de Bouteflika et adepte du baisemain à la manière du makhzen — marquera sans doute la fin du Front de libération nationale.

Mais cela ne semble pas un souci pour le clan présidentiel davantage préoccupé par la succession à Abdelaziz Bouteflika, la crise ainsi créée au sein de l’ex-parti au pouvoir n’ayant d’autre fin que d’écarter les successeurs potentiels jugés indésirables qui seraient tentés, éventuellement, de se faire adouber par le FLN. Ce dernier acte de forfaiture à l’esprit de Novembre voulu par un clan qui s’est assuré la mainmise d’une organisation que Larbi M’hidi, Ben Boulaïd et Didouche Mourad voulaient avant tout porteuse d’émancipation et non d’assujettissement au service d’une personne, est révélateur de cette entreprise de destruction programmée du pays. Un pays devenu la proie de prédateurs en tout genre qui ont mis en moins de 15 ans l’économie nationale en coupe réglée et réussi à édifier des fortunes personnelles colossales à l’étranger.
Reda Bekkat

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