mardi 29 septembre 2009

«Activités déstabilisantes»

C’était le branle-bas de combat hier en Occident après le tir d’un missile longue portée iranien, le Ghadr-1, les capitales européennes et américaine n’ayant pas de mots assez durs pour condamner ce qu’ils estimaient être «inquiétant» (Berlin) ou «prohibitif» (Londres). Paris exige carrément l’arrêt «immédiat» des «activités déstabilisantes» selon elle, de l’Iran. Beaucoup de bruit pour rien? Voire! Il ne s’agit pas ici de défendre l’Iran - qui saura bien le faire tout seul - mais relever ce pesant et persistant deux poids, deux mesures, appliqué au «faciès» par les grandes puissances, dès lors que le pays «fautif» n’émarge pas à cette étrange nomenklatura qui se veut régenter le monde et interdire le «club» de la science et du savoir, y compris nucléaire, à tous ceux suspects ne bénéficiant pas de sa bénédiction.

C’est le cas de l’Iran - classé «Etat voyou», au même titre que l’Irak de Saddam et la Corée du Nord, par l’ancien président américain, George W Bush - coupable de ne pas entrer dans le profil défini par les «maîtres du monde?». On n’est pas loin de le croire face au charivari déclenché après le tir concluant du missile iranien de longue portée. Pourtant, ce sont ces mêmes pays qui condamnent aujourd’hui l’Iran - ou demain tout autre pays n’entrant pas dans le moule imposé par l’Occident - ont été enthousiasmés l’an dernier par la «performance» du «petit» Israël qui a réussi l’essai d’un missile balistique Arrow 2 à charge nucléaire pouvant atteindre Téhéran, comme aussi bien Alger ou Islamabad.

Normal, Israël à le droit de se défendre, ne cesse-t-on de nous le rappeler. Or, jusqu’à preuve du contraire, Israël est le seul Etat de la région moyen-orientale et maghrébine à disposer de l’arme atomique mettant en danger le vie de plus de 400 millions d’êtres humains. Qui contrôlera les armes de destruction massive (ADM) d’Israël, qui inspectera son arsenal nucléaire, chimique et biologique? Paris, Londres, Washington, trois puissances nucléaires officielles, de surcroît membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, auraient certes été crédibles si elles-mêmes avaient conçu un mémorandum sur leur désarmement et la réduction de leurs ADM, et si leur courroux s’adressait à tous les pays du monde, y compris Israël, et non pas uniquement à cette frange d’Etats ciblés et frappés d’interdit.

Or, c’est un secret de Polichinelle, Israël qui, à plusieurs reprises, a menacé l’Iran de représailles, avait élaboré des plans secrets pour utiliser des armes nucléaires, à faible rendement, afin de mettre hors service les installations iraniennes d’enrichissement d’uranium. Il en est de même de Washington qui, comme l’a encore réitéré le président Obama vendredi dernier, affirme que l’option militaire restait d’actualité pour empêcher l’Iran d’acquérir le savoir-faire nucléaire.

Or, rien n’est venu à ce jour corroborer les soupçons ou accusations occidentales contre l’Iran. En revanche, le danger atomique israélien est, lui, bien réel. Mais MM.Obama, Brown et Sarkozy préfèrent regarder ailleurs pour ne pas avoir à appeler à raison garder le turbulent «petit» Etat «cerné» par les «méchants» Arabes, qui, pourtant gagna contre eux toutes ses guerres. Israël est aujourd’hui un bastion surarmé, disposant de l’arme atomique, au milieu d’un monde arabe et musulman désarmé.

Ce que l’Occident trouve parfaitement normal. Ainsi, Israël peut procéder aux tirs de missiles de longue portée menaçant de nombreux pays du Moyen-Orient et du Maghreb, sans que cela préoccupe outre mesure nos censeurs occidentaux.

Mais qu’un pays de cette région tente de se protéger, voilà qui est intolérable. Non! ce qui est inacceptable c’est le fait que la «communauté internationale» tolère chez les uns ce qu’elle condamne chez d’autres, aboutissant à encourager un pays comme l’Iran à ces «activités déstabilisantes» dénoncée par la France.

N. KRIM

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