Barack Obama qui nomme le sénateur US à la retraite, Chuck Hagel, pour co-présider President's Intelligence Advirsory Board, une instance critique envers la politique israélienne, aurait pu être une révolution en soi.
L'homme osait déjà évoquer l'intimidation exercée par le lobby juif. Il semble révolu ce temps où le militantisme anticolonialiste s'offrait de rares tribunes.
A présent, Chuck Hagel n'incarnerait plus que sa propre ombre, toute atteinte (ne serait-ce que verbale) à l'adresse du gouvernement de Tel-Aviv est considérée comme de l'antisémitisme politique. Rien que d'y penser,
Mme Clinton peut piquer une colère rouge, beaucoup plus violente que celle enregistrée lors de son séjour à Islamabad.
Il ne lui a manqué qu'à débarquer à l'aéroport Ben Gourion, portant la pancarte «Touche pas à mon Netanyahou». Mais c'est tout comme, à la lecture de ses propos, aux côtés de «Bibi». A la regarder tresser des couronnes à Benjamin Netanyahou, Mahmoud Abbas et ses conseillers ont cru rêver à Abu Dhabi.
D'après la patronne du Département d'Etat, les propositions du chef du Likoud sur une limitation des implantations étaient «sans précédent».
Qu'est-ce qui a changé dans sa vision depuis le dernier voyage de George Mitchell pour que Mme Clinton insiste sur cette prétendue nouveauté ? Absolument rien.
L'expansionnisme juif se poursuit dans les blocs de colonies existants. Demain, Hillary Clinton sera-t-elle là pour les exclure de n'importe quelle négociation de paix ?
«Historiquement exact» que Benjamin Netanyahou dise que le gel de la colonisation n'a jamais été une précondition à la reprise des pourparlers de paix, a-t-elle encore soutenu.
La fin de non-recevoir du gouvernement de Ramallah serait ainsi que pure «hypocrisie», dont l'OLP s'en servirait uniquement pour tenter de se refaire une légitimité parmi l'opinion publique palestinienne et, dans la foulée, discréditer le pouvoir du Hamas à Ghaza où personne ne semble concerné par les législatives de janvier prochain.
Conduits par Abou Mazen, les réformistes palestiniens, issus du Fatah, se sentent ainsi lâchés par l'actuel gouvernement des Etats-Unis.
Celui-ci se serait tellement rétracté que Mahmoud Abbas envisage à présent de jeter l'éponge. Finira-t-il par déposer sa démission au profit de ses «frères ennemis» du Hamas qui, eux, n'ont pas lâché prise malgré le blocus et grâce aux dons tenus anonymes ?
Il n'y aurait plus que la reprise du processus de paix pour sauver le «soldat Abbas» d'une mort politique certaine. A son tour, devra-t-il se soumettre à l'impitoyable loi de la rétraction ?
C'est déjà fait. Dans une interview à la chaîne Al Arabiya, le menaçant démissionnaire a jugé suffisant que les Israéliens gèlent «ne serait-ce que provisoirement» la colonisation, à Al Qods notamment, pour pouvoir se remettre au travail.
De retour chez elle, Mme Clinton aura-t-elle ce profond sentiment d'avoir perdu son temps à trop vouloir concilier ce qui paraît inconciliable ?
Ce qui est clair comme l'eau de roche, elle n’est pas venue au Proche-Orient faire pression sur l'allié de l'Amérique d'Obama. Mais bien sur le gouvernement Abbas, au risque de booster l'endurant Hamas. A se demander combien de temps encore les réformistes palestiniens peuvent-ils tenir sans union nationale bilatérale ?
Par Anis Djaad
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