Parce que les locataires du ministère public se sont gourés d’inculpé, le juge du siège est acculé à annuler les procédures sur demande expresse de l’...avocat.
C’est le triste sort d’un employé exerçant et résidant à Blida qui est convoqué un beau matin chez son chef de service qui lui apprend qu’il doit quitter la ville des Roses pour celle de tous les raisins, Médéa. L’employé est abasourdi. Il cherche à comprendre.
Le ton monte entre les deux hommes en présence de deux autres employés qui vont témoigner lors de leurs dépositions devant le procureur de la République. Et c’est parti en voyant Abbas I., victime et Saddek K., inculpé. Hélas, le jour du procès en correctionnelle au tribunal de Blida, Maître El Hadi Labidi est constitué en faveur de la...victime, mais il va vite déchanter. Son client est inculpé d’insultes et d’injures à l’encontre du chef de service qui est devenu, par la baguette magique du parquet...victime. Cela arrive souvent, mais...l’avocat s’avance et demande à introduire des questions préjudicielles où il est question d’une erreur du parquet. Il explique le topo et demande l’annulation des procédures.
Le jeune représentant du ministère public, fraîchement parachuté de l’Ecole de la magistrature, s’oppose à la demande de l’avocat. Le procureur s’oppose fermement, ce qui va pousser Maître El Hadi Labidi, révolté et déçu de cette situation à voir la salle d’audience tanguer.
Il retrousse les manches de sa robe noire et entre dans un carrousel qui fait plaisir, tant le défenseur venait de soulever le lièvre qu’est la bévue du parquet qui avait inversé les rôles. Le talentueux Rabah Ouriachi, le président de la section pénale va bien écouter l’intervention du conseil qui se dit amer car son client qui a reçu une gifle de son chef de service venait de recevoir une autre dans le «cervelet» émanant du parquet refuse d’être enterré «vivant», ici, dans cette salle d’audience. «Je suis désolé M. le président, mais c’est comme cela que je plaide», Ouriachi sourit. «En homme du droit, usant du seul droit, nous nous trouvons dans l’obligation de sauvegarder l’esprit de notre justice prononcée au nom du peuple», s’est écrié l’avocat qui s’était retourné vers l’assistance en la désignant du doigt comme étant le peuple. «Oui, c’est le peuple.»
Le procureur requiert une peine de prison ferme de deux mois pour injures et insultes, et ce, malgré le témoignage de Mahmoud et Ali, les deux employés qui ont affirmé que la victime n’était nullement coupable de quoi que ce soit. C’est alors que l’avocat, en guise de dernier mot, dira sa détermination à aller le plus loin possible dans ce dossier «carié» et «gâté» devant tant d’évidence en l’occurrence, qu’une erreur du ministère public ne peut être redressée que par le juge du siège qui a entendu et pris acte de deux témoignages précis, sans balbutiements et incontestables. C’est pourquoi, à l’issue de l’audience, Maître Labidi nous avait déclaré avoir eu la ferme conviction d’avoir réussi à faire admettre au juge du siège, Rabah Ouriachi, ce discret mais efficace magistrat, que le parquet s’est réellement embourbé dans l’opportunité des poursuites...
Abdellatif TOUALBIA
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