L’Algérie se trouve à un pas de concrétiser un rêve qui lui échappe depuis vingt-trois ans: une troisième participation à la Coupe de monde de football. Rendez-vous sportif le plus prestigieux du monde duquel l’Algérie a été absente du seul fait de la non-compétitivité de ses footballeurs. Il faut admettre que le jeu à onze algérien a chuté de manière vertigineuse ces dernières années. Et la tragédie nationale des années 90 n’explique pas cette dégénérescence du football algérien, du moins pas tout.
Il faut le dire et le souligner: les footballeurs locaux, par manque de formation, d’une part, de la faiblesse du championnat d’autre part, ne sont toujours pas performants et n’auraient jamais, à eux seuls, réussi à rétablir le football national dans la hiérarchie africaine, arabe et, à plus forte raison, mondiale. Cet exceptionnel saut qualitatif du football algérien est dû, cela aussi, il faut l’admettre, à l’apport, tout aussi exceptionnel, de la diaspora nationale en Europe. Il faut le dire et le répéter, ce sont nos expatriés qui ont redonné au football algérien une stature que l’on n’espérait plus.
Ne nous leurrons pas, sans ces joueurs expatriés, l’Algérie n’occuperait certes pas la position qui est sienne aujourd’hui, rivalisant avec l’une des plus puissantes équipes africaines, l’Egypte, pour l’octroi du billet du Mondial sud-africain. Alors, nous nous prenons à rêver: ce que les footballeurs expatriés ont pu faire pour leur pays, d’autres Algériens de la diaspora pourraient également les imiter, sur d’autres plans, pour contribuer à (re)placer l’Algérie parmi les pays émergents par leur apport dans les domaines du savoir-faire économique, scientifique, industriel... Mercredi, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, rappelait que 40.000 cadres algériens travaillent actuellement à l’étranger, notamment en Europe, aux Etats-Unis et au Canada.
Ce qui est une perte énorme pour l’Algérie, d’autant que nombre d’entre eux ont été formés par les universités algériennes. Ils sont au moins 3000 chercheurs, tous secteurs confondus, activant aux Etats-Unis, affirmait, par ailleurs, M.Medelci. Si 15 joueurs professionnels algériens ont pu relever le défi de remettre le football algérien sur les rails, imaginez, imaginons, ce que ces milliers de têtes pensantes algériennes expatriées - qui font le bonheur de leur pays d’adoption - pourraient apporter comme plus et savoir-faire à leur patrie.
Mais encore, à l’instar de ce qui a été fait pour les footballeurs professionnels, faut-il y mettre les moyens et les conditions optimales qui puissent convaincre notre diaspora scientifique et intellectuelle, sinon à revenir au pays, du moins à contribuer à son décollage économique et industriel, secteurs dans lesquels l’Algérie accuse un retard pénalisant. Pour cela, il ne suffit pas seulement d’appeler aux sentiments patriotiques de nos têtes «bien faites» établies à l’étranger.
Il faudra sans doute une autre approche et manière de gouverner comme de voir les choses, en faisant confiance à nos élites d’abord, à mieux utiliser nos compétences nationales ensuite. Si beaucoup de ces élites ont quitté ces dernières années le pays - ils seraient, selon la revue Arabies, qui a consacré en 2007 un dossier à l’Algérie, 400.000 cadres algériens expatriés - c’est bien du fait qu’elles n’ont pas trouvé le répondant à leurs attentes de la part du gouvernement, ni les conditions leur permettant de faire valoir leur savoir-faire et leurs compétences qu’elles ont extériorisés à l‘étranger.
Voilà donc une gisement fantastique laissé en friche. S’il y a une leçon à tirer de l’apport de nos footballeurs émigrés - d’autres professionnels expatriés sont prêts à revêtir le maillot national - c’est qu’il faut savoir faire enfin confiance et mettre en confiance une élite nationale qui ne demande qu’à participer à l’émergence de l’Algérie parmi les nations. Certes! Mais il faut bien admettre aussi que c’est la volonté politique qui fait encore le plus défaut..
N. KRIM
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