dimanche 11 octobre 2009

Origines

Les polémiques politiques ont des raisons que la raison ne connaît pas. Et c’est pourquoi, les grands propagandistes du monde entier font plus appel, dans leur discours de mobilisation ou de désinformation, aux raisons du coeur: «Il faut titiller la fibre émotionnelle!» C’est cela qui isole l’être humain de toute réalité et l’éloigne du pragmatisme ou du bon sens.

S’il est vrai que l’homme du commun, le quidam comme on dit, le citoyen lambda, n’intéresse personne ni par ses origines, ni par son devenir ou son mode de vie, le citoyen, qui accède à une certaine notoriété ou au pouvoir politique, devient vite un centre d’intérêt: il focalise toutes les attentions.

Des généalogistes fouillent dans son arbre, des biographes décryptent sa carrière et des médecins spécialisés se penchent sur son cas ou sur ses antécédents. Impossible d’échapper à la vigilance des médias à une époque où la presse people fait sa loi.

La mésaventure qui arrive à Frédéric Mitterrand est un exemple en la matière: l’homme est toujours rattrapé par son passé dès qu’il devient un homme de pouvoir ou du pouvoir. Ce grand homme de culture, qui a brillé par une carrière entièrement dévouée au cinéma, à l’histoire et à la télévision, devient soudain l’homme à abattre dès l’instant où il s’installe dans une fonction qui demande un comportement moral exemplaire: on ne donne pas un fauteuil de ministre des Finances à un ancien cambrioleur!

Le fait n’est pas nouveau: chez nous, il y a presque quatre décennies, un scénariste de talent avait écrit pour la télévision une pièce policière qui connut un certain succès et un retentissement peu commun aux autres banalités produites à l’époque, soudain, il se mit à voir grand et à rouler des mécaniques.

Il eut le malheur de donner une interview dans la page culturelle du quotidien de l’époque pour qu’aussitôt, la machine infernale qu’il avait frôlée se mette en branle: dans son interview, il s’était présenté à l’époque comme un ancien moudjahid (cela était de bon ton à cette époque-là, où ne fleurissaient pas encore les fausses attestations). Le lendemain, une réponse cinglante des responsables de l’ONM rétablit la vérité: l’homme était en fait un collaborateur du système colonial. Très diplomate, le directeur de la TV lui enjoignit de ne pas commettre un second scénario.

Actuellement, c’est une campagne insidieuse qui est menée contre le président de la République islamique d’Iran: les violentes manifestations provoquées par une élection contestée n’ayant pas suffi à déstabiliser un pouvoir qui persiste contre les prétentions occidentales, à continuer son programme nucléaire, la presse occidentale vient d’enfourcher un autre cheval de bataille, celui des origines de Mahmoud Ahmadinejad.

Selon leurs sources, il serait d’origine juive. Qui ne serait pas d’origine juive dans ce coin de terre où le judaïsme fut la première religion monothéiste, avant d’être supplantée par le christianisme et l’Islam triomphant? Le judaïsme n’est pas une référence raciale mais religieuse, cependant les médias occidentaux ne s’embarrassent pas de scrupules pour faire l’amalgame et créer la confusion dans les esprits simples et rendre suspect tout homme.

Il faut se rappeler que Goebbels, ayant invité le grand réalisateur Fritz Lang à prendre les rênes de la cinématographie allemande, se vit répondre par la négative: «Je suis d’origine juive!», a répondu Fritz Lang. «C’est nous qui décidons qui est juif et qui ne l’est pas!», a répondu Goebbels.

Selim M’SILI

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