Un procès impliquant un secrétaire général de ministère vient de déboucher sur un sévère réquisitoire à l’encontre de hauts responsables. Ce procès n’est pas encore achevé qu’il est question de l’arrestation d’un autre secrétaire général de ministère.
Les deux affaires seraient liées aux activités phare de chacun des secteurs de la pêche et des travaux publics : la gestion du quota national de thon rouge de Méditerranée, pour l’un, et l’autoroute Est-Ouest, pour l’autre. Nous ne connaissons pas encore les suites données aux préjudices subis par le PNDRA que d’autres portefeuilles font déjà l’objet de procédures policières et judiciaires. La qualité des personnes sur lesquelles pèsent les accusations et les soupçons renseigne sur l’insécurité du budget de l’Etat : ce sont des responsables de niveau “n-1” du gouvernement qui, apparemment, trempent dans des intrigues pour le moins dommageables à l’économie nationale et au Trésor public.
On ignore ce qui, dans l’organisation des départements ministériels, permet aux principaux collaborateurs du premier responsable de s’adonner à de tels agissements. Mais la question mérite d’être posée.
En attendant de voir plus clair dans ces affaires, on peut observer que les incidents semblent n’avoir aucun contrecoup politique. Totalement déconnectés de leur contexte politique, ils sont relégués au statut de faits divers. S’il se confirme que la conduite du projet le plus coûteux de la décennie est entouré de doute, l’inquiétude devrait gagner les responsables politiques du programme d’investissement. Et le peuple étant en droit d’être éclairé sur les atteintes éventuelles à la gestion du développement national, l’opinion mérite d’en être informée plus qu’à demi-mot.
Certains confrères trouvent même dans ces affaires matière à redorer le blason de la gouvernance nationale et titrent, ravis : “La lutte contre la corruption s’intensifie.” Si même la lutte contre la corruption se fait dans l’opacité, il n’y a pas de quoi pavoiser. Si l’on arrête des secrétaires généraux de ministères pour nous dire “circulez, il n’y a rien à voir”, nous aurons du mal à inscrire l’opération dans le cadre d’une transparence dans le traitement des affaires qui concernent la richesse de la nation.
Et puisqu’elles ne concernent ni un sombre démarcheur de moyens généraux ni un vague fondé de pouvoir d’agence bancaire, elles appellent une réaction autant sécuritaire que judiciaire et… politique. Ce qui ne semble pas être le cas, pour le moment.
Peut-être que l’Exécutif continue à expédier les affaires courantes, mais passé les plaidoyers pour la loi de finances complémentaire, le gouvernement n’aura jamais été aussi discret que ces derniers temps. En pleine rentrée, et passé la polémique sur la couleur des tabliers, il s’impose une communication minimale et laisse libre cours aux rumeurs et aux “fuites”. Il compte peut-être sur le football pour détourner l’attention publique. Mais pour combien de temps ?
Par : Mustapha Hammouche
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