“C’est une grande fierté pour tous les gens de Taourirt Aden. Comment ne pas être fier lorsqu’on voit un de nos enfants, déjà star en Europe, honorer sa première sélection sous le maillot algérien”, nous lance tout de go un de ses nombreux cousins que nous avons rencontrés à l’entrée du village. Ici à Taourirt Aden, sur les hauteurs de Mekla, les quelque cinq mille habitants que compte le hameau se connaissent parfaitement au point de former une seule famille.
Lorsqu’un enfant du village réussit à se frayer un chemin dans n’importe quel domaine, tout le monde jubile. C’est le cas aujourd’hui avec leur footballeur Hassen Yebda, mais avant lui, c’était le boxeur Malik Bouziane qui faisait honneur au village.
La similitude entre ces sportifs est qu’ils sont tous deux nés en France.
Bouziane avait offert à l’Algérie des titres de champions d’Afrique et une médaille d’argent aux jeux Olympiques de Sydney avant de se voir malheureusement délaisser par les responsables et opter définitivement pour une carrière professionnelle en France où il fait actuellement les beaux jours du noble art dans l’Hexagone avec deux titres de champion d’Europe. “Malik qui est un champion de haut niveau a réussi à hisser le drapeau algérien dans plusieurs compétitions internationale avant de se voir complètement ignorer par les responsables de ce sport au plus haut niveau”, fulmine un villageois qui nous a demandé de patienter un moment le temps de revenir de chez lui avec un poster de Bouziane portant la ceinture de champion d’Europe. Au fur et à mesure que notre discussion avec les villageois avance, le groupe s’accroît.
Tout le monde veut dire quelque chose sur leur mis tmurth (enfant du pays), Hassan. Bien que la majorité des jeunes ne le connaisse que de notoriété à travers ses rencontres à la télévision, nombreux sont ceux qui l’ont côtoyé lorsqu’il venait passer ses vacances au village. Ces derniers étaient aux anges, le mois de juin dernier lorsque leur star est venue passer quelques jours avec sa famille.
Sa dernière visite au village remonte à trois mois
Une visite qui est intervenue après une absence de presque dix ans pour la simple raison que Yebda, tenu par des engagements au plus haut niveau professionnel, ne pouvait plus se permettre le luxe de venir chez les siens comme il avait l’habitude de la faire. Hassan a-t-il changé par rapport aux années où il était dans l’anonymat, avons-nous interrogé un de ses cousins. “Jamais. Hassan est un garçon très éduqué. Il n’a pas changé ses habitudes. Lorsqu’il est venu passer quelques jours de vacances au village l’été dernier, il était comme un enfant qui venait de découvrir pour la première fois ses proches après une longue absence. Malgré son statut de star sur lequel tous les projecteurs sont braqués, la gloire ne lui est pas montée à la tête. Hassan est un vrai fils du bled. Bien qu’il soit né en France, il n’a pas oublié ses racines. Vous vous rendez compte que Hassan parle le kabyle comme nous tous. Il est resté humble malgré son statut de footballeur professionnel dans les meilleurs championnats européens”, nous confie son autre cousin Hamid Bedrissi. Ce dernier était à l’aéroport d’Alger lundi dernier parmi la nombreuse délégation de Taourirt Aden qui est allée accueillir son enfant prodige. C’était un accueil digne des grandes stars.
Tout le village voulait faire le déplacement, pour faire honneur à sa perle. Cette journée restera à jamais marquée dans l’esprit du joueur. Il ne s’attendait pas à voir autant de monde venu spécialement pour lui rien que pour l’approcher. Il avait volé la vedette à ses trois coéquipiers et accompagnateurs Matmour, Bouaza et Djebour. Ce dernier, marqué certainement par autant de monde à leur descente d’avion, a lancé en direction de Yebda. “Vas-y Hassan, tout ce monde est là rien que pour toi. Aujourd’hui c’est toi la star”. Pourtant quelques mois auparavant, Hassan Yebda qui faisait les beaux jours de Benfica avant de signer à Portsmouth, a atterri dans le même aéroport, presque dans l’anonymat. “ Lorsque je lui ai fait l’accolade, il avait les larmes aux yeux. Il ne pensait pas voir autant d’admirateurs, de journalistes et d’enfants de son village venir rien que pour lui”, ajoute notre interlocuteur. Depuis l’annonce de la sélection de Yebda chez les Verts, tout le village attend avec impatience le jour J, c'est-à-dire demain à l’occasion du match Algerie-Rwanda. Le nombre de supporters des Fennecs a augmenté dans le village. “Même les vieux et les vieilles de plus de soixante-dix ans ne parlent que du match”, nous lance un jeune. L’événement est de taille dans toute la région de Mekla. Les drapeaux et les écharpes aux couleurs nationales sont suspendus partout. Les jeunes de Mekla ont décidé de placer un écran géant pour voir le match. C’est une première. Mais les admirateurs les plus chauvins de Yebda vont faire le déplacement à Blida. “On a commandé des billets à des amis à Alger et on va être au stade pour supporter l’EN et surtout encourager notre enfant chéri”, nous disent en chœur des jeunes du village. Tout le monde à Taourirt espère voir Hassan faire son baptême du feu ce soir avec les Verts. “C’est un joueur complet. Il peut apporter un plus pour notre sélection. Je ne dis pas cela parce que c’est mon cousin, mais c’est une réalité que Rabah Saâdane lui-même avait reconnue”, nous dit son cousin Brahim, un cadre dans une entreprise publique à Tizi-Rached avant de nous demander gentiment d’écrire que “l’équipe nationale est avant tout l’affaire de tous les Algériens quelles que soient leur origine ou religion. J’ai remarqué ces derniers temps certains joueurs afficher leur religiosité d’une manière provocatrice alors que la religion est une affaire privée. Je dirai donc qu’on a besoin de joueurs capables de hisser notre équipe au Mondial et non pas des imams”.
Hassan suppliait Dda Mbarek de signer à l’AJ Auxerre
Il est presque midi. Un homme aux cheveux grisonnants se dirige vers nous. C’est Dda Mbarek, le père de Hassan Yebda. On lisait du bonheur dans ses yeux lui qui est devenu en l’espace d’un match de football auquel participe son fils chéri, l’attraction des journalistes. “Je suis très heureux à l’instar de toute sa famille, ses proches, son village et bien sûr toute l’Algérie. Voir un de mes fils sous le maillot de mon pays est une grande fierté. J’attends ce jour avec impatience et Dieu merci, le rêve est devenu réalité” lance le papa de Hassan dans un kabyle châtié. Malgré les trente-cinq ans passés en France, il n’a pas oublié ses racines. Dda Mbarek nous relate avec force détails la carrière sportive de son fils, le benjamin d’une smala de sept enfants (4 garçons et 3 filles). Une carrière digne d’un conte de fées car au départ, le père ne croyait pas trop au football. Il voulait voir son dernier enfant réussir plutôt dans les études. C’était aussi l’avis de la maman. Mais à force de persévérance, Hassan a réussi à convaincre se parents que le football peut faire vivre. “Il m’a supplié de le laisser partir à Auxerre en me disant : s’il te plaît papa ne gâche pas ma vie”. Il faut dire, ajoute Dada Mbarek, que si Hassan s’est frayé un chemin dans le monde impitoyable du sport professionnel c’est aussi grâce à Karim, le frère aîné de Hassan qui l’a suivi dès ses premiers pas au sein du centre de formation de l’AJ Auxerre jusqu’à aujourd’hui où il s’occupe de ses affaires en qualité de manager. "Hassan a débuté tout petit à Fort Ville à Paris. Les recruteurs l’ont vite repéré et c’est à l’age de 14 ans que le responsable du centre de formation de l’AJA, Guy Roux m’a demandé de le faire signer chez lui. J’ai accepté car le centre n’était pas loin de chez nous et on faisait deux fois par semaine, sa maman et moi, le trajet de 170 km pour le voir. La seule chose que j’ai exigée des responsables du centre c’est que mon fils ne doit pas négliger sa scolarité. Dieu merci, aujourd’hui Hassan cueille les fruits de son travail en évoluant dans les meilleurs clubs européens”. Bien que Hassan Yebda ait connu la gloire dans sa jeune et riche carrière (il n’a que 23 ans), avec notamment une finale de coupe de France sous le maillot de Le Mans et surtout une Coupe du monde sous le maillot français des U 17 en 2001, il faut dire, ajoute son père, que le plus beau jour de sa vie était lorsqu’au mois de juin dernier, son benjamin a pu obtenir l’autorisation d’opter pour l’équipe algérienne. “Ce jour-là, Hassan était ici au village et c’est un parent qui lui avait annoncé la nouvelle en écoutant la radio. Hassan n’en revenait pas. Son rêve s’est exaucé et notre vœu s’est réalisé.” Dda Mbarek est aux anges. Il sera ce soir au stade de Blida avec toute sa famille pour supporter celui qui a fait le bonheur de tout un peuple. “Le dernier match que j’ai suivi en Algérie remonte aux années soixante-dix. Demain je vais au stade de Blida pour supporter mon pays et inchallah à 95 % nous irons au Mondial”, lance Dda Mbarek. C’etait 30 minutes avant le match que l’Egypte avait remporté contre la Zambie. Espérons que le vœu de Papa Yebda se réalisera au grand bonheur de toute l’Algérie.
Reportage réalisé par Ali Chebli, photos Ali Arkam
je ss la plus grande fan de hassan yebda
RépondreSupprimeril est tjr au top c'est l'un des meilleur joueur algérien et pour moi il est un des meilleur joueur au monde je lui souhaite de tt mn coeur une trés bonne cariére.