Le FMI vient de conclure à l’échec de la politique économique du gouvernement Bouteflika, comme presque aucune force politique opposante locale n’avait osé le formuler. Son représentant, Joël Toujas-Bernaté, chef de division au département Moyen-Orient et Asie centrale, a en effet qualifié, mardi à Alger, d’« inquiétant » le taux de chômage chez les jeunes Algériens qui a atteint les cimes de 25%. Surprenant ! Les chiffres sont aussi scandaleux que l’intérêt subit du FMI pour l’emploi est étonnant.
Depuis quand, en effet, cette institution financière jumelle de la Banque mondiale s’intéressait à la question de l’emploi comme si elle l’avait inscrite en credo à l’agenda de ses priorités ? On eût cru un instant que ce Fonds a changé de vocation. Pourtant non. En fait, à travers son constat, le FMI a voulu montrer qu’« on reconnaît l’arbre à ses fruits » et, partant, que la politique économique suivie par l’équipe dirigeante a échoué dans sa bataille contre le chômage.
Il s’agit là ainsi d’un discours qui tranche avec les fausses assurances du gouvernement. Mais pis encore, à y regarder de plus près, cette sortie du responsable de cette institution n’est ni plus ni moins qu’un désaveu à toute la politique économique mise en place jusqu’ici. Pourquoi ?
Car il faut dire surtout qu’il est difficile de ne pas conclure à une cinglante remise en cause de toute une politique lorsque, après près d’une décennie d’embellie financière, il est prouvé que l’objectif de l’emploi n’a pas été atteint quand bien même l’inflation, cet autre élément faisant partie des objectifs finaux de toute politique, n’est pas non plus contenue dans des proportions acceptables.
C’est dire ainsi l’échec cuisant d’une politique économique qui n’a réussi ni à créer de l’emploi ni à maîtriser l’inflation, source de dégradation du pouvoir d’achat à tout le moins. Mais comme il va sans dire surtout que l’institution de Strauss-Kahn ne fait pas dans le social, est-il possible alors de conclure à ce que le message de cette institution, qui se veut du reste sibyllin, veuille bien sonner comme un appel lancé aux officiels pour une autre politique ?
Il est en tout cas difficile de ne pas voir dans ce discours une volonté de substituer à la politique de relance budgétaire appliquée jusque-là par l’Exécutif une autre politique, monétariste celle-ci.
Quoi qu’il en soit, il reste à faire remarquer que si en Algérie, il est question de changer une politique qui échoue à l’instigation d’une institution financière internationale, sous d’autres cieux, dans les démocraties occidentales, on en vient à changer d’équipe pour changer de politique. Chez nous, on garde la même équipe et on recommence. D’où, c’est sûr, nos échecs récurrents !
Par Ali Benyahia
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