«Alger doit disposer de son Palais des expositions, car l’espace de la Safex n’est pas digne d’une capitale!» a avoué, excédé, le commissaire du Sila, la veille de sa clôture qui s’est tenue hier.
«Nous n’avons peut-être pas été à la hauteur», est sa conclusion. Mais avant cela, d’abord ce constat imprévisible et tout de même positif: «Un record d’affluence mondial cette année du public, du jamais vu!», a estimé le commissaire du Sila, Smaïl Ameziane qui dira n’avoir jamais vu cela de sa vie. «Ca n’existe même pas dans le monde. Cela démontre que les Algériens ont soif de lecture.» Et de préciser: «Le Salon était prévu pour recevoir entre 30 et 40.000 personnes, nous avons reçu 150.000 visiteurs par jour», a déclaré le commissaire lors d’un point de presse, animé jeudi matin et portant sur le bilan provisoire de la 14e édition du Salon international du livre qui s’est tenue cette année du 28 au 6 octobre au niveau du chapiteau, sis à côté du stade du 5-Juillet. Si certains éditeurs s’énorgueillent déjà d’avoir vendu beaucoup de livres lors de ce Salon, ce dernier a pourtant brillé par ses nombreuses insuffisances. Ce sont ces dernières que Smaïl Ameziane a tenu à énumérer en substance.
A commencer par l’humidité qui a endommagé les livres. «Nous étions prêts à les acheter pour dédommager les éditeurs, ceux-ci ont refusé». Aussi, le nombre de toilettes placées à l’extérieur du chapiteau était en inadéquation avec le nombre surélevé du public venu cette année. «Elles étaient insuffisantes», a-t-il admis. Il reconnaîtra l’exiguïté des lieux d’autant que le chapiteau fera-t-il remarquer, était prévu pour accueillir environ 40.000 personnes par jour et non pas 100.000.
S’agissant des exposants estimés au nombre de 345, M.Ameziane relèvera avoir choisi «la qualité au détriment de la quantité» et ce, en ayant recours à une sélection des maisons d’édition qui allaient avoisiner les 700.
«J’étais sélectif concernant les étrangers. Certaines maisons d’édition sont plutôt des imprimeurs. Avec celles-ci, j’ai rompu tout contact.» En ce qui concerne les conférences, le commissaire du Sila estimera que deux seulement sur 48 n’ont pas eu lieu en raison de l’absence des conférencières, notamment Mme Yacine Tassadit et la conférence sur les éditrices arabes dont certaines ont raté leur avion mais après, étaient bel et bien présentes durant le Sila. «Tous les amis de l’Esprit Panaf étaient là», dira-t-il encore.
«Nous avons annoncé 24 pays africains, ils sont là.» M.Ameziane rappelera la présence de la garderie, gratuite pour enfants située à l’extérieur du chapiteau afin de fidéliser les familles et l’impossibilité aussi de mettre en place des guichets.
«Oui, je suis peiné. Non, je ne suis pas satisfait, car nous n’avons pas su prévoir et être à la hauteur de cette affluence massive du public. Mais rien n’est parfait dans la vie», dira-t-il dépité. A propos des critiques émanant ça et là, Smaïl Ameziane se confesse: «Ma conscience est tranquille. L’effort on l’a fait. Ce qu’on a fait est exceptionnel», affirmera-t-il. Et de dire sentencieux:
«Ce qui importait pour moi se sont les livres pour étudiants. Il n y pas de place pour ceux qui viennent faire du business.» Revenant à cette épineuse question de la censure, M.Ameziane est formel: «Je n’ai pas interdit le livre Poutakhine. Pour preuve, sa maison d ‘édition existe dans le catalogue. Il n’y a eu aucune interdiction. La censure n’existe pas au Salon, par contre, il y a des lois de la République qui doivent être respectées.» Le ton monte lorsqu’il s’agit de l’organisation du Salon et la question relative à l’achat et ventes des droits d’édition, le but n°1 de tout Salon du livre dans le monde comme il a été souligné par Khalida Toumi, ministre de la Culture lors de l’ouverture du Salon. En gros, il est trop tôt pour en savoir plus.
«Ce ne sont jamais les éditeurs qui siègent dans un Salon, mais leurs représentants, les libraires, exception faite aux Salons de Francfort, Bologne et Londres!», a expliqué, sur le ton de la colère, le commissaire du Sila à l’adresse de la presse. Arrivé au terme du point de presse, M.Ameziane clamera haut et fort qu’Alger a besoin de son Palais des expositions, arguant que «l’espace de la Safex n’est pas digne d’une capitale. Le Salon doit avoir un hall d’au moins 50.000 m². Alger doit disposer de son Palais du livre!»
O. HIND
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