Il y a souvent de ces moments où, pour ce qui concerne des événements majeurs et donc des thérapies adéquates que cela implique, on procède irrationnellement à l’emploi de concepts dont on fait volontiers l’économie de l’explicitation de leurs contenus. On parle souvent de retour à la paix mais jamais de rétablissement de l’ordre public. On parlait souvent de terrorisme, mais voilà qu’on substitue le concept de violence au concept de terrorisme. Mais on parle également de lutte contre le terrorisme.
Alors, il y a encore beaucoup de brouillard. Pourquoi répéter que la paix est revenue ou reviendra si on ne dit pas un mot sur l’ordre public ? Lorsqu’on parle de paix, on admet que l’enjeu est politique, et lorsqu’on parle d’amnistie générale, on reconnaît encore plus que l’enjeu est politique, le problème étant que ceux qui ont pris les armes pour commettre des attentats croient qu’ils luttent pour une cause politique, telle que leurs commanditaires le leur ont fait savoir, jusqu’au moment où ceux-là rejoignent la Réconciliation nationale ou se font abattre par les forces de sécurité.
Lorsque le ministre de l’Intérieur dit que les terroristes n’ont que deux options à leur disposition – se rendre ou bien se suicider –, cela est à comprendre sous deux angles : que l’Etat refuse irréversiblement de leur accorder la moindre chance d’une réintégration politique, conformément à l’esprit de la Charte.
Continuer la lutte veut signifier que la paix n’est pas encore de retour et si on ne reconnaît pas qu’il s’agit d’une lutte pour une cause politique, on n’a plus à parler de rétablissement ou de retour de la paix, mais plutôt de rétablissement de l’ordre public.
S. I.
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