lundi 19 octobre 2009

Vaccin contre responsabilité

De tous les pharmaciens que nous avons sollicités pour nous éclairer sur la décision du ministère de la Santé d'interdire la vente du vaccin contre la grippe saisonnière, aucun n'a pu nous répondre en dehors des conclusions qu'eux-mêmes croient déceler dans cette mesure dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle échappe au bon sens.

Car après tout, rien ne peut l'expliquer, si ce n'est une motivation médicale qui mettrait tout le monde d'accord en la mettant au-dessus de toutes les autres considérations.

Or cette motivation, toute vraisemblable qu'elle peut être, n'a tranquillisé ni les pharmaciens qui sont quand même en droit de savoir pourquoi on les somme de renoncer à la vente d'un produit, ni les citoyens échaudés par toutes les «raretés» se voient angoissés par la perspective de ne pas pouvoir accéder à un vaccin banal dans l'absolu mais susceptible d'être périlleux s'il n'est pas disponible.

Les pharmaciens et les citoyens ordinaires n'ont pas eu d'explication convaincante, mais les autorités sanitaires savent tourner leurs négligences en arguments imparables. «Tout ce qui relève de l'action préventive en matière de santé publique est du ressort exclusif de l'Etat !», nous dit-on.

Qu'à cela ne tienne, c'est même rassurant quelque part. Le problème est que cet argument, qui aurait pu convaincre s'il était brandi pour expliquer des dispositions suffisantes en quantité et en efficacité, sert maintenant à fuir les responsabilités.

Ce n'est tout de même pas la faute des pharmaciens et des Algériens ordinaires qui veulent se prémunir contre la grippe sans contrainte si les quantités de vaccins «commandées» sont insuffisantes pour être accessibles à tout le monde !

On sait déjà «comment ça se passe» dans nos hôpitaux quand il s'agit de solliciter le service le plus simple et le produit le plus couramment disponible, on imagine maintenant «comment ça va se passer» pour un vaccin qu'on a pris le soin d'entourer de toutes les conditions psychologiques nécessaires à la tension. Quand on «réserve» un vaccin disponible uniquement dans les structures de santé publique aux plus de 65 ans et aux insuffisants cardiorespiratoires, ça porte un nom : la crise.

Avec tout ce qu'elle induit. Et elle est d'autant plus redoutable que médicalement, ni ceux qui n'ont pas de maladie cardiorespiratoire ni ceux qui ont moins de 65 ans ne sont à l'abri des complications d'une épidémie dont on sait au moins qu'elle fait des milliers de morts chaque année.

Slimane Laouari

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