Pas de Conseil des ministres, des lois puis des contre-lois, à effet rétroactif puis à géométrie variable, des bagarres au sabre en pleine capitale sans intervention de la police, des harraga qui continuent à prendre la mer comme on prend un J5, un marché informel qui insulte chaque jour la normalité économique et d’une façon générale, l’absence remarquée du principal moteur d’un pays, l’Etat.
Mayonnaise sur la pizza, le ministère de l’Education vient d’annoncer que chaque établissement fera ce qu’il voudra pour l’aménagement du week-end. Ce qui veut dire qu’il y aura des écoles qui auront un vrai week-end, deux jours de suite, et d’autres qui n’en n’auront pas, comme les élèves, les professeurs et les parents.
Le message est assez clair, au sommet de l’Etat, on décide de changer le week-end, puis au sein du même Etat, on décide que chacun n’a qu’à faire finalement ce qu’il veut, rester à l’ancien week-end ou passer au nouveau, ou encore se placer subtilement entre les deux. En quelques semaines, l’Algérie est donc passée du week-end musulman au week-end semi-universel puis à pas de week-end du tout.
Quelle est finalement l’idée ? Il n’y en a pas bien sûr, pas plus que d’enseignement particulier à cette forme d’anarchie organisée. Mais si la conséquence sur les capacités psychomotrices des élèves est déjà à prévoir – un futur internement en masse ou une fuite massive des cerveaux (au sens propre) –, on peut s’attendre, si l’Etat continue ainsi de ne pas exister, à des suites assez terribles.
Une école qui ferme le lundi et n’ouvre que le mardi, une mairie qui ne travaille qu’une semaine sur deux, une wilaya qui travaille la nuit, un hôpital qui n’ouvre qu’entre midi et 2h, un commissariat qui ne travaille que les jours fériés et bien sûr, un gouvernement qui ne réfléchit que les jours de paye. Question capitale : que fait Benbouzid le vendredi ?
Par Chawki Amari
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire