Un enfant de martyr effectue une sortie médiatique et s’en prend au FLN dont les dirigeants estiment que ce sont les militants, adhérents et sympathisants qui sont blessés... La condamnation à quatre mois ferme les aura peut-être...
La salle d’audience du palais de justice d’Alger était, ce dimanche, pleine à craquer. L’atmosphère était lourde, l’air humide. La moiteur d’une exaspérante humidité présente par la «faute» de l’absence d’un climatiseur désespérément agaçant lorsqu’il fonctionne et encore plus tristement mort lorsqu’il est éteint.
La cinquantaine d’avocats perdaient tout espoir d’aller au bout au vu du monstrueux rôle. D’ailleurs, il y eut beaucoup, beaucoup de renvois. Seuls les détenus ont défilé au box. L’affaire du jour, celle où le FLN est victime de diffamation, l’inculpé, un fils de martyr et le journal témoin. Les trois avocats présents, Maître El Azhar Atmani, Maître Mohammed Salah Annane et Bentaleb se sont affrontés avec beaucoup de sagesse, mais aussi de détermination.
Les faits, présentés en exergue, ont tout simplement bouleversé les cinq cent cinquante mille militants du Front de libération nationale dont les principaux dirigeants Abderazak Bouhara, Saïd Bouhadja et naturellement Abdelaziz Belkhadem ont vu rouge à la suite des (depuis leur avis crié haut et fort) fracassantes et désastreuses déclarations de l’enfant de chahid que Maître Annane, l’avocat du FLN, avait beaucoup plus plaint que condamné.
«Monsieur le président, ne croyez pas que c’est de gaieté de coeur que je suis venu demander des explications autour des propos lâchés à la hussarde. Non, c’est le coeur gros que je vous avoue ne jamais avoir pensé un seul instant poursuivre un jour un enfant d’un héros qui a donné le meilleur de lui-même pour que l’Algérie vive ces merveilleux jours de 2009, en attendant encore de meilleurs», avait clamé le défenseur qui avait auparavant assisté aux questions/réponses Hadj-Mihoub, le président et Bensaïd, l’inculpé qui a demandé entre autres deux semaines pour qu’il ramène des preuves de ce qu’il a avancé.
Le tribunal refuse un autre renvoi qui aurait été le troisième puisque l’inculpé avait été absent durant les deux premières audiences.
«La défense salue le refus du tribunal, un refus justifié», avait lancé Maître Annane, un Annane, qui n’a eu de cesse de faire la moue devant l’insistance des deux conseils de l’inculpé à accepter l’introduction de questions préjudicielles concernant l’incompétence territoriale et juridique du tribunal de Sidi M’hamed-Alger. Alors que Maître El Azhar Atmani avait pris la résolution de se déconstituer à la barre, le privilège de défendre la cause de l’enfant de martyr reviendra au tonitruant et talentueux Maître Bentaleb qui avait expliqué que si poursuites, il y avait, elles devraient se faire au tribunal de Bir Mourad Raïs, où se trouve le siège du FLN balayant d’une main l’argument de la défense du «Front», en l’occurrence, l’article 37 du Code de procédure pénale qui évoque ce cas d’espèce pour ce qui est de la diffamation.
Et comme pour tenter une diversion, Maître Annane a rappelé au juge Hadj-Mihoub que le FLN n’a pas poursuivi le canard qui a reproduit les propos diffamatoires par respect à toute la presse nationale, cette presse qui a payé un lourd tribut pour sa liberté de ton et non celle de l’invective, de la diffamation et de l’insulte: «Monsieur le président, nous avions préféré entendre le journal à titre de...témoin. C’est tout», a déclaré le conseil portant, comme il le fait à chaque visite dans les juridictions l’insigne de membre de l’ALN et du FLN. Et ce dimanche, les faits l’ont poussé plus que jamais à arborer son cher «Wissem-vert-blanc-rouge».
Il évoque les trois audiences dont deux renvoyées le 14 juin et le 12 juillet 2009 pour absence de l’inculpé. Rappelons brièvement les faits qui remontent au mois de mars 2009 lorsque Bensaïd avait déclaré que le FLN était le symbole représentant la France et son secrétaire général recevait les instructions depuis l’ambassade de France. Une tuile qui chuta au-dessus de Hydra.
C’est le monde à l’envers: le FLN qui bouta hors de Tamourt l’une des colonisations les plus féroces du XIXe siècle est aujourd’hui traîné dans la boue. Madame Rached, la représentante du ministère public avait requis le minimum de la peine prévu par l’article 290 du Code pénal, article portant sur «atteintes portées à l’honneur et à la considération des personnes et violation des secrets», qui prévoit une peine de prison de deux à six mois de prison ferme et une amende de vingt cinq mille à cinquante mille dinars ou l’une de ces deux peines.
Et ces termes relèvent de la loi n°06-23 du 23 septembre 2006! Durant tous les débats, Maître Annane n’a cessé de gigoter, étranglé qu’il était par une double émotion: celle de défendre l’honneur du Front de libération nationale, mais aussi et surtout, demandant à l’inculpé de fournir les preuves sur l’intégrité de Mohammed Salah Yahiaoui, l’autre colonel de l’ALN, Bourogaâ Hadj Lakhdar, Abderazak Bouhara et d’autres vaillants officiers de l’Armée de libération nationale, la fille du Front de libération.
Maître Atmani, lui, s’était retiré des débats après le rejet des questions préjudicielles laissant seul Maître Boutaleb, scandalisé par cette affaire où il avait laissé son impression prendre l’envol avant d’estimer que le tribunal avait l’autorité nécessaire à l’étude d’une telle affaire qui n’en est pas une.
Abdellatif TOUALBIA
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