Deux informations sont tombées comme un couperet sur le complexe d’El Hadjar en moins d’un mois, laissant planer le doute sur la poursuite des activités de l’aciérie. D’abord la fermeture de la cokerie, qui emploie plus de 300 personnes, jusqu’à nouvel ordre. Elle fait suite à l’annonce faite par le conseil de participation du complexe sidérurgique d’El Hadjar, d’un plan de licenciement de 1500 travailleurs par la direction d’ArcelorMittal. Dans les deux cas, cette dernière a essayé de rassurer, précisant que le complexe poursuivrait ses activités et que le plan social n’entrerait en application qu’après 2010, etc.
Ces deux nouvelles ont eu l’effet d’une douche froide. Une douche si froide que peu ou presque pas de responsables ont réagi. Ni l’UGTA ni le ministère de l’Industrie et de la Promotion des investissements n’ont demandé la moindre explication. Ni même Chakib Khelil, le ministre de l’Energie.
Surtout quand on sait que Sonatrach dépend du complexe pour les tubes de ses pipelines. Le risque de devoir les importer d’Inde ou des pays de l’Est ne semble pas inquiéter outre mesure. Alors que le moins que l’on puisse dire, ici, c’est que la menace qui pèse sur les 1500 travailleurs était prévisible depuis au moins une année.
En effet, face à la baisse de la demande mondiale en acier, le groupe indien qui gère aujourd’hui El Hadjar a, partout ailleurs, procédé à des licenciements massifs et à des fermetures de sites, sous l’effet de la crise... Pourtant, à l’époque, ArcelorMittal avait assuré que le complexe algérien ne risquait rien.
Ces assurances n’ont pas tenu plus d’une année. Plus énigmatique encore est le silence de Abdelmadjid Sidi Saïd, habituellement prompt à défendre l’outil national de production et les travailleurs. Présentement, le patron de la centrale syndicale UGTA n’a pas manifesté le moindre tic face à ce qui attend El Hadjar à partir de l’an prochain.
Alors qu’on l’a vu emboîter rapidement le pas au gouvernement pour fustiger tous « les anti-patriotes qui s’opposent aux dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 ».
Décidément, avec cette affaire, on est en plein dans ce paradoxe algérien qui transforme des ultra-libéraux en de zélés défenseurs du secteur public quand cela les arrange et qui oublient leur « engagement » quand l’unique complexe sidérurgique d’Algérie est menacé.
Ailleurs, même les plus ultras parmi les libéraux ont essayé de « sauver la face » devant la crise, comme en France, par exemple, où il a suffi que le groupe indien annonçait, l’an dernier, le licenciement de 800 personnes pour que le « big boss », Lakshmi Mittal en personne, soit convoqué à l’Elysée pour s’expliquer et être prié de faire en sorte que le maximum d’emplois soit sauvegardé.
Chez nous par contre, rien, pas de réaction, pas le moindre rictus face à ce qui attend les métallos de Annaba à partir de l’an prochain. Assurément, ils doivent se sentir bien seuls en ce moment.
Par Reda Bekkat
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