On peut toujours faire dire ce que l’on veut aux chiffres. Mais une constance demeure: l’Algérie reste scotchée aux bas fonds de l’indice de développement humain (IDH, qui prend en compte quatre facteurs: l’espérance de vie, le taux d’alphabétisation, le taux brut de scolarisation et le PIB par habitant en PPA -parité du pouvoir d’achat-) comme le montre le récent classement établi par le Pnud (Fonds des Nations unies pour le développement) qui situe notre pays à la 104e place mondiale, selon les données de 2007.
Faut-il s’en étonner quand cela fait plusieurs années que l’Algérie n’arrive pas à se dépêtrer d’une position peu en rapport avec les moyens qui sont les siens, résultante de l’incapacité du gouvernement à construire une politique sociale et économique cohérente? En réalité, les chiffres que fournissent les institutions internationales spécialisées (Pnud, BM, FMI, notamment) sont préoccupants et interpellent les pouvoirs publics qui font montre d’un optimisme à tout le moins hors de saison, eu égard à l’amenuisement constant du pouvoir d’achat de catégories de plus en plus larges de la population.
Les couffins du Ramadhan montrent à l’envi combien la pauvreté est bien là, malgré les affirmations d’un ministre de la République selon lequel «il n’y a pas de pauvres» en Algérie. Selon un expert économique algérien, l’économie nationale «est caractérisée actuellement par la ‘’stagflation’’: inflation, chômage et ralentissement de la croissance économique réelle».
Pouvait-il en être autrement lorsque la compétitivité économique de l’Algérie est médiocre, pour ne pas dire nulle, à en croire des indications du Forum économique mondial (celui-là même qui organise les sommets de Davos et autres rencontres économiques mondiales) sur les économies des cinq pays du Maghreb? En fait, en l’absence de chiffres fiables (et vérifiables) sur le développement intrinsèque du pays, les chiffres n’auront que la valeur qu’on veut leur donner, autrement dit peu significatifs au regard de la réalité sociale et économique du pays.
Il en est ainsi, par exemple, du chômage en Algérie où trois institutions officielles arrivent à donner des statistiques contrastées qui ne permettent pas une lisibilité réelle du phénomène du manque d’emploi. On jongle ainsi avec les taux du chômage, amalgamant le travail permanent, le travail temporaire et/ou informel au moment où le travail permanent (à durée indéterminée) perd de plus en plus de terrain face au travail temporaire (ou à durée déterminée), élargissant un peu plus les rangs des sans-emploi fixe et la précarité du travail induisant une dépermanisation de fait qui gagne du terrain.
Or, l’objectif primordial du développement est, et reste, celui d’élargir les choix qui s’offrent aux gens pour s’établir dans la société. Or, ces choix sont de plus en plus ténus en Algérie où l’ont assiste à l’effondrement de la classe moyenne alors que la paupérisation guette des portions de plus en plus larges de la société, au moment où le fossé s’élargit entre les nouveaux riches et l’immense majorité de la population algérienne.
De fait, dans plusieurs domaines et secteurs d’activité, l’Algérie a enregistré des reculs dommageables. Il en est ainsi, un exemple parmi d’autres, des TIC où la compétitivité de l’Algérie a chuté lourdement alors qu’elle a été, dans les années 70, parmi les pays innovants en matière de technologies nouvelles, formant des milliers d’informaticiens qui font aujourd’hui le bonheur de nombreuses firmes dans le monde.
Eu égard au peu de performances, persistantes, de notre économie et de nos outils économiques, il faut avoir le courage de s’interroger et, le cas échéant, revoir, voire réviser, une politique sociale et économique qui, à l’évidence, a échoué.
N. KRIM
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