Quant au lecteur, il a été le dernier des soucis de ces voix qui se sont élevées contre une simple délocalisation, dont on ne connaît pas encore les conséquences.
Le milieu éditorial algérien a été traversé ces dernières semaines par une polémique sans précédent. Outre le changement de statut du Salon international d’Alger — de salon à festival —, la délocalisation du Sila a suscité une grande incompréhension auprès des éditeurs et importateurs qui se sont montrés offusqués, tout en déplorant “l’opacité” de l’organisation, le commissariat du Sila ayant activé dans l’ombre. Les importateurs ont alors procédé à un chantage.
Le ministère, pour sa part, a jugé que les détracteurs et réticents à cette délocalisation avaient des “intérêts malsains”. La délocalisation n’est en fait qu’un prétexte et, encore une fois, nous sommes passés à côté d’un véritable débat sur le livre, longtemps marginalisé par les pouvoirs publics, mais qui suscite pourtant tant de convoitises. Après une tentative avortée de centrer le débat sur la LFC 2009, les deux structures syndicales — le Snel qui rétrécit comme une peau de chagrin avec les cascades de démissions de ses membres, et le SPL, représenté par une poignée d’éditeurs — ont essayé de resituer le débat autour de la délocalisation, allant même jusqu’à menacer de “non-participation”.
Le milieu éditorial est à présent éclaté, même si tous s’accordent à participer à ce 14e Sila. Ils appellent au dialogue avec le commissaire du Salon, également éditeur : une grande première qui ne pourrait exister dans un pays autre que l’Algérie. Toutefois, tout ce “chahut de gamins” s’avère vain puisqu’il montre les véritables intentions de ces éditeurs-importateurs qui sont dans une phase critique, car ce n’est pas le livre qui est menacé, mais plutôt leur survie.
Ces derniers sont perdants (financièrement) car les nouvelles mesures leur imposent une nouvelle réglementation transparente. De plus, avec les nouvelles mesures prises par le Commissariat du Sila, beaucoup de maisons d’édition arabes, qui faisaient circuler des livres religieux avec des idéologies chiites et salafistes, se sont vu refuser la participation.
Il y aura de l’ordre sans doute, mais certains, qui ont vu leurs intérêts menacés — intérêts sans animosité aucune — ont préféré anticiper les choses et se sont ingérés dans ce faux débat. Une fois encore, le livre a subi une guerre de clans. Or, il aurait été plus fructueux de débattre des échanges qui auraient pu se mettre en place entre l’Algérie et le reste du monde dans le domaine de l’édition.
Quant au lecteur, il a été le dernier des soucis de ces voix qui se sont élevées contre une simple délocalisation, dont on ne connaît pas encore les conséquences puisque le Sila démarre le 27 octobre.
Par : Sara Kharfi
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