Il y a, lors de lourds débats à la barre, des juges des sièges qui vous font aimer la justice. C’est la stricte vérité!
Le témoin du mauvais geste de l’inculpé, avait été invité à «rejouer» la scène de la bousculade, à laquelle il avait assisté. Une bousculade que l’inculpé avait appelée «agression». Sofia Ouhida, la juge de Blida, est appelée à trancher. Maître Mokhtar Mekfouldji, l’avocat, pose la question autour de la valeur du certificat médical incomplet dans le constat. Jugé sur opposition, la mine défaite, l’inculpé de coups et blessures volontaires a dit sa douleur d’être traîné parce que seulement il avait bousculé son adversaire.
Il l’a bousculé après l’avoir pris à la gorge! Les débats tourneront autour de l’absence de coups et blessures. Maître Mekfouldji, dans son style particulier, allait passer au crible tout le vocabulaire vivotant dans le giron des termes: agresser-col-coup-cou-coûts- pousser-frapper, etc.
Une chose est certaine: si le témoin avait bien répondu à l’attente du tribunal, la victime par contre, avait brillé par son absence. Et la coutume veut - pas la loi - qu’une victime qui ne vient pas à la barre affronter l’inculpé se... désiste. Alors, vous suivez? Ghazali, le représentant du ministère public, avait, lui, eu le coeur net après la «reconstitution de la prise à la gorge de l’inculpé».
«Deux mois de prison ferme», jette, sans fraîcheur, le calme procureur, un parquetier qui se limite à ne faire que son boulot, en l’occurrence, suivre la piste autorisée de l’opportunité des poursuites en ayant un oeil sur les faits et gestes du magistrat du siège, surtout depuis la fameuse note de Mohammed Adami, alors ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui avait instauré la double signature au bas de tout rapport par les deux chefs de cour.
Depuis, on peut affirmer sans être contredit que le juge du siège n’est plus si indépendant que l’on puisse l’imaginer et que le procureur n’est plus un privilégié grâce justement à l’opportunité des poursuites, mais un big boss à l’audience. Et c’est pour cela que la réforme boite même si cette manière de faire demeure, dans le fond, un bouclier contre d’éventuels dépassements de certains juges du siège, pourris, gourmands, sans scrupules, prêts à marcher sur le ventre de celle qui l’a formé et nommé magistrat avec tous les honneurs, les privilèges, l’autorité voulue et autres respect de gens qui se jettent dans les bras de la justice pour obtenir satisfaction.
Pour revenir au procès du jour, signalons que le verdict mis en examen a vu l’inculpé écoper d’une légère peine de prison assortie du sursis. Il est vrai que Ouhida, cette jeune juge du siège, a déjà eu affaire à des dossiers lourds de coups et blessures volontaires à l’arme blanche et même des coups et blessures réciproques, ce qui facilite le boulot d’un président de section...
Abdellatif TOUALBIA
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