En remettant d’actualité, par la ferme annulation, la campagne de pèlerinage au titre de l’année 2009, le gouvernement tunisien n’a fait que confirmer l’autorité de l’Etat dans un dossier d’intérêt national, lequel souffre malheureusement de tiédeur dans notre pays.
Il est vrai que le ministère des Affaires religieuses garde toute latitude de s’appuyer sur les réputés garde-fous instaurés par un conclave des ministres arabes de la Santé pour que les personnes considérées parmi les plus vulnérables ne puissent pas effectuer ce pieux devoir.
Mais les moyens efficaces à même de confirmer la bonne santé physique et physiologique d’un candidat donné existent-ils, sachant que contourner les procédures et éluder les mécanismes mis en place relèvent du sport national pour tout acte contrariant nos concitoyens dans la sollicitation d’un renoncement ou l’affirmation matérialisée du don de soi pour un quelconque acte d’utilité publique ?
Nous en prenons pour preuve les cris d’orfraie poussés à chaque fois qu’un événement social ou religieux vient bousculer les modestes gens, lesquels sont malgré tout rarement sinon jamais enclins à adopter une attitude stoïque et, autant que possible se faire douce violence en ne regagnant pas l’autel soumis et de leur propre volonté.
Il est de notoriété publique qu’aller au pèlerinage, c’est surtout acquérir dorénavant au prix fort un statut, un titre et une conscience auxquels il faudrait adjoindre maintenant le risque probable de contracter une maladie qu’assurément toutes les mesures préventives préconisées n’épargneront pas.
Les arguments dichotomiques du ministre des Affaires religieuses, considérant qu’«aucune annulation n’a été signalée» et ceux du ministre de la Santé qui estime que «les personnes âgées, celles souffrant de maladies chroniques, les femmes enceintes et les enfants ne peuvent être autorisés» sont en fait bien loin de la réalité que livre le terrain et où malheureusement par recours à des moyens détournés avec aisance, l’assurance du premier nommé ne peut que trouver confirmation alors que celle du second est nettement battue en brèche.
Même s’il est l’un des cinq piliers de l’islam, le pèlerinage n’est pas une fin en soi pour quiconque ne serait pas en mesure de l’accomplir s’il ne dispose pas des moyens financiers pour ce faire et tout autant s’il se trouve dans un quelconque état d’empêchement physique même si à cette absence individuelle et personnelle des Lieux saints, vœu évidemment légitime de tout croyant, répond l’éventualité de la compenser par une action de bienfaisance au profit d’un ou d’autres individus, groupe ou communauté.
En tout état de cause, dans le cas de la campagne de hadj de cette année, les primo-acteurs éligibles autant parmi les futurs hadji que les responsables à divers niveaux concernés ne pourront que, a posteriori, se reprocher toutes les éventuelles conséquences qui découleraient de ce qui s’annonce plus comme une odyssée qu’un acte pieux. La meilleure des préventions contre les risques de pandémie est, certes, d’ordre médical mais elle ne serait que mieux assise, dans ce cas de figure et exceptionnellement pour cette année, si elle était également abordée sur le plan de la morale. Il s’agit là, néanmoins, de tout
un… programme.
Nos voisins tunisiens y ont réfléchi et pris une décision énergique et radicale. Elle est sans doute discutable dans la mesure où ceux qui s’y opposent affichent un argument de poids parce qu’il tient effectivement la route, et consiste en le fait que ces derniers n’arrêtent pas de s’interroger sur l’ouverture tous azimuts des frontières pour accueillir des milliers de touristes potentiellement dangereux et vecteur par excellence du virus H1N1. Mais elle n’en demeure pas moins une décision qui va s’avérer salvatrice une fois le pèlerinage échu.
Par Abdelhamid Lemili
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