mercredi 30 septembre 2009

L’agriculture et la moisson d’obstacles

Il faut de tout pour faire un gouvernement. Il y a des ministres qui font bien leur travail, d’autres moins bien et il y a ceux qui font leur travail et celui de leur collègue. C’est le cas du ministre de l’Agriculture, M.Benaïssa. Engagé résolument dans la bataille de redressement de la production agricole, il ne fait l’économie d’aucun effort pour accompagner les agriculteurs de bout en bout de la chaîne, quitte à empiéter sur les missions des autres ministères. Sans le crier sur les toits.

Sans égratigner ses collègues défaillants. Acculé, hier, lors d’une intervention à la radio Chaîne III, à expliquer la tendance à la hausse du prix de la pomme de terre alors que sa disponibilité sur le marché n’est pas en cause, M.Benaïssa, visiblement gêné par la question, a tout fait pour éviter d’impliquer le secteur du commerce en charge de la lutte contre la spéculation et la régulation.

Il n’hésite cependant pas à s’investir dans la réhabilitation de la chaîne du froid dont il rappelle que «c’est un métier», du stockage et du déstockage au moment opportun et là où il le faut. Autant de préoccupations qui ne font pas forcément partie de ses prérogatives. Au point où, convaincu qu’il ne faillira pas à la solidarité gouvernementale, la journaliste a fini par prendre sur elle l’initiative d’inviter, à sa prochaine émission, le ministre du Commerce pour l’interpeller sur ces disparités de la production et de la commercialisation.

Ceci dit, il va de soi que la relance de l’agriculture est un défi qui met en jeu plusieurs paramètres dont celui de l’équilibre de l’offre et de la demande, indispensable à l’encouragement des agriculteurs. Un défi qui, pour être relevé, implique une volonté, une détermination et des efforts de bout en bout d’une chaîne à plusieurs maillons. Et c’est dans ce défi qu’est le ministre de l’Agriculture.

En amont, il y a le secteur des finances, souci majeur des agriculteurs, celui de la pétrochimie pour les engrais, celui des équipements pour la modernisation, celui de l’hydraulique et de l’énergie pour l’irrigation, celui de la formation et de la recherche pour la performance, voire celui du foncier agricole jusqu’au panier de la ménagère en passant par les moyens de stockage et les marchés de gros.

Autant de secteurs qui font de la mission du ministère de l’Agriculture, telle que perçue par M.Benaïssa, une véritable course d’obstacles et non des moindres. Malgré tout, jusque-là il s’en sort plutôt bien et ce n’est pas dans nos habitudes d’applaudir facilement.

Ils sont une petite poignée de ministres dans ce cas. Il ne faut surtout pas croire que cela ne leur attire pas des problèmes très subjectifs auxquels font face, malheureusement, tous les cadres de la nation qui s’investissent «corps et âme» dans le redressement du pays. C’est comme lors d’une course, ceux qui n’arrivent pas à suivre font des crocs-en-jambe à ceux qui vont plus vite qu’eux.

L’Etat se doit de protéger cette petite poignée de ministres contre l’adversité. Ils en ont besoin tout autant que les agriculteurs. En effet, et à quelque échelle sociale où l’on se situe, la nature humaine est ainsi faite. De forces, certes, mais jamais infinies car elle a aussi ses faiblesses. Nos dirigeants ne l’ignorent sûrement pas.

Zouhir MEBARKI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire