Rien d'étonnant à ce que le gouvernement des Etats-Unis et ses alliés jugent provocateurs les essais de missiles iraniens bien que ceux-là soient prévus de longue date.
C'est tout à fait de bonne guerre, à ce niveau de la confrontation, tous les coups sont permis. Ce qui semble plutôt surprenant c'est l'attitude de la Russie à laquelle le président ukrainien s'est mis subitement à réclamer les suspects qui seraient liés à son empoisonnement à la dioxine. Sortie de nulle part, cette demande est loin d'être la première source de préoccupation pour Moscou.
Les missiles de petite et longue portée que vient de tester la République islamique semblent retenir toute l'attention du Kremlin. Après s'être entretenu avec son homologue iranien, Manouchehr Mottaki, aux Nations unies, le chef de la diplomatie russe a invité l'Iran à coopérer de manière maximale avec l'AIEA et à répondre à toutes les questions liées à son programme nucléaire.
Partant de l'idée que le régime de Téhéran a reçu le message de son allié traditionnel cinq sur cinq, Sergueï Lavrov a espéré que l'attitude des Iraniens lors de la reprise de leurs contacts avec les 5+1 va être à la hauteur de ce que la Russie attend d'eux. Soit une position conciliante qui ne ferait pas capoter les discussions avant même que les conviés à la table ne puissent terminer leur tasse de thé.
Surtout en ce qui concerne l'historique de l'installation nucléaire de Qom dont les «trois mousquetaires» ont fait leur cheval de bataille en marge du sommet G20 à Pittsburgh. Moscou ne doit pas avoir de craintes à ce sujet-là, Ahmadinejad en personne a redit l'entière disponibilité de son pays à ouvrir ce site à l'appréciation des inspecteurs de l'agence atomique internationale.
Le président Dmitri Medvedev peut respirer un bon coup, son allié iranien lui offrira ce qui est censé satisfaire Moscou. Mieux encore, la République islamique ne ferait pas payer la différence aux Russes s'ils venaient à accuser du retard dans la remise de la centrale de Bouchehr.
Qu'est-ce qui reste donc pour réveiller les inquiétudes de Moscou, les essais de nouvelles versions de missiles Shahab 3 et Sajil. Mais est-ce bien vrai quand une supposée tentative russe d'acheminer des missiles SS 300 à bord du navire fantôme Artic Sea à l'Iran a fait déplacer secrètement Benyamin Netanyahu jusqu'à la place Rouge ?
Les préoccupations du Kremlin au sujet ne seraient que de la poudre de carburant solide aux yeux des Occidentaux, les manœuvres militaires iraniennes ont été connues de tous.
Et même si ce n'était pas le cas, les mollahs auraient pris le soin de mettre leurs alliés au parfum. Ce qui laisse penser que la marche forcée à Pittsburgh, au bout de laquelle le trio Obama-Sarkozy-Brown a souhaité amorcer un semblant de coalition internationale anti-iranienne, n'aurait été qu'un coup d'épée dans l'eau.
Un retour si rapide de la diplomatie chinoise à son traditionnel silence, surtout quand il s'agit de s'avancer sur des questions concernant ses alliés, prouve un peu plus que le consensus au Conseil de sécurité n'est pas une histoire de temps.
Le temps que s'est donné Barack Obama jusqu'à la fin de l'année pour pouvoir mieux manœuvrer. Mais rien ne dit que la modification du projet initial du bouclier antimissiles américain en Europe - le président Medvedev a confirmé l'abandon définitif du déploiement de missiles balistiques à Kaliningrad - est en train de le guider sur la bonne voie.
En rassurant la Russie, le président Obama a reconnu par sa propre décision que la menace iranienne est loin d'être imminente. Si tel est le cas, pourquoi la Russie et la Chine voteraient-elles en début d'année prochaine des sanctions qui n'auront ni queue ni tête ? D'ici-là, Obama va devoir faire face à la férocité de ceux qui le croient naïf de la tête aux pieds.
Par Anis Djaad
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire